
Des mots et des maux
Cher petit Larousse illustré ! Chaque début d’année, j’éprouve un plaisir de te retrouver dans les rayons des librairies. Tu as accompagné mes années scolaires et je t’ai toujours préféré à ton cousin « Robert », dit « le petit ».
Contrairement à d’autres faux concurrents sur internet, tes articles ne contiennent aune faute d’orthographe et sont réfléchis. Aucune partialité dans tes explications ! Pas de fausses histoires comme dans les articles de ton cousin éloigné dont le nom commence par « W » … et se termine par « a ».
Évidemment tu ne tiens pas dans ma poche ! Et tu n’as pas de moteur de recherche ! Eh oui ! Il faut connaître l’alphabet pour faire une recherche dans tes pages si fines. Lors de mes lectures ou discussions, si je lis ou entends un mot inconnu, je le note sur un papier et ai le plaisir de le rechercher plus tard dans ton univers si large. Lire un nouveau mot, ses synonymes, permet de le mémoriser. Tu es le meilleur des enseignants et tes domaines de savoir sont multiples.
Tu étais dans ma maison, mais il a fallu attendre mes quinze ans, pour que le Père Noël apporte un exemplaire qui m’était destiné. J’ai eu l’impression d’être riche ! Tes pages sont jaunies du savoir que tu me communiques encore chaque jour et de l’amour que je te porte.
Grâce à toi, j’ai découvert le sens du mot « étymologie » et ai compris son importance. Parfois, certains te disent dépassé par cette volonté de continuer à expliquer l’origine des mots, qui permet pourtant leur meilleure compréhension. Ouvrir tes pages devient un jeu systémique. Découvrir des mots, souvent polysémiques, nous donnent l’envie irrésistible d’aller chercher des exemples de leur utilisation.
Plus que centenaire, tu négliges le pouvoir des mots pour céder aux maux des modes nouvelles. Et j’ai du mal à comprendre tes mots -tivations ! Nous ne semblons plus parler la même langue lorsque tu écris par exemple : « iel demande un chrome à son daron … ». Mais je n’ai jamais été douée pour les langues étrangères !
Si j’avais une quelconque responsabilité dans le gouvernement de notre pays, je ferais en sorte que tu sois offert à chaque écolier pour son entrée au collège. Tu remplacerais peut-être les tablettes déjà mises à leur disposition dont je doute de l’utilité.