LE POIDS DU RÉEL, LA SOUFFRANCE

Contribution La Griffe Île de France

Rubrique AdHoc

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲▲▲△

Rapport avec le rite ▲▲▲△△

Psychanalyste et jésuite, l'auteur nous parle de la souffrance comme l'engagement dans une traversée qui nous bouleverse : elle est la traversée de nos souvenirs et de nos phantasmes, la traversée de nos vies avec ce qu'elles comportent de travaux, d'« emprisonnements », de coups durs et d'injustices sans nombre. Sans compter le labeur et la fatigue de la vie quotidienne, de notre impuissance à soulager la misère, face à notre faiblesse qui est la nôtre et qui nous plonge dans le souci ou l'angoisse.

Comme le pensait Bouddha, la question de l'homme se pose obligatoirement dans un contexte de souffrance. La cause en est que l'imaginaire de l'homme n'est jamais adéquat à celle du réel que vise son désir. Cet écart entre imaginaire et réel nous conduit à une altérité irréductible, où le sujet aura à reconnaître la vérité de son identité.
S'il n'arrive pas à mettre des mots sur ses désirs et faire ainsi le discernement de la vérité, le sujet humain se noie dans son imaginaire, jusqu'à la folie. S'il veut que la souffrance soit évitée à tout prix, il court alors le risque de perdre la parole. L'évitement de la souffrance équivaut alors à un refus de vivre, voire au regret d'être né faute d'une parole portant une promesse qui fait vivre. Dès lors, vie et mort se confondent. Sans Autre.

C'est encore une souffrance qui sépare l'homme de l'image de lui-même, dans laquelle, croyant s'y reconnaître, il est tenté de s'y engloutir, tel Narcisse. Seule nous sauve la traversée jusqu’à la rencontre du visage de l'Autre qui peut devenir joie, dimension de la rencontre. L'auteur nous dit d'ailleurs : « Le langage est bon, le langage est vraiment humain parce qu'il permet à l'homme d'arriver au silence du regard, au désintéressement ».

Parler, c'est aller au-delà de la souffrance personnelle pour la dimension de la rencontre. Avec la parole dirigée vers l'autre, disparaît de ce qui est apparu dans l'espace et le temps du corps où de l'âme souffrants et qui se dirige vers la réalité symbolique du sujet qui est délivré de la sensation aveugle et sourde.

C'est une « béné-diction » !

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