VIVE LES VACANCES
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Polars
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△
Facilité de lecture ▲▲▲△△
Rapport avec le rite ▲△△△△
Un livre de Reiser, au format de poche, quelquefois un peu difficile à lire, trop petit, mais c’est l’intégrale, donc pratique à lire partout. Reiser comme à son habitude parvient à dénicher les paradoxes de la société de son époque, les années 1980 avec une vision absolument parfaite pour nos années 2020 et plus. Quel visionnaire ! Sur l’écologie notamment, mais aussi sur la finance, sur les fonctionnaires, tout le monde y trouve son compte et sa « tête de Turc » préférée … nous. Nous sommes toujours le « con » d’un autre.
Scatos, méchants, fascistes, crades, cruels, misogynes, racistes, nègres, flics, rebeus, gauchiste, beaufs et connards en tous genres partent en vacances et ça donne inévitablement ce que ça devait donner, un panorama hyper réaliste !
Il ne faut jamais s’arrêter sur l’apparente grossièreté de Reiser, il est bien plus subtil, intelligent et subversif que beaucoup de « rebelles » cathodiques, concertistes gueulards ou « réseauteurs sociaux » de nos jours. C’est Desproges, mais en dessin, c’est la magie du crayon qui raconte plus qu’il ne montre, il se permet de ne pas dessiner entièrement un décor, économise les contours des personnages et pourtant un portrait saisissant surgit du papier en quelques griffures d’encre, c’est l’économie du langage graphique, la réussite de ce que de nombreux artistes ne savent pas faire : s’arrêter. C’est la chose la plus difficile pour un artiste qui a devant lui tous les « possibles » de la créativité, mais à quel moment doit-il stopper, son dessin, sa peinture, sa sculpture, sa composition musicale ? Quel est le moment où cela correspond à l’artiste, reflète sa pensée et la dépasse ? Quel est le moment qui illustre sa créativité et captive le spectateur ? C’est comme l’existence de l’univers, cela se joue à presque rien, c’est la magie des grands artistes, trouver ce moment où il faut pulvériser le cadre et préserver la limite à ne pas dépasser, en d’autres termes : « Vouloir et oser ».
C’est un classique à relire pour la véracité du fond, à regarder pour le dessin, à dévorer pour cet humour corrosif si indispensable au nettoyage de la pensée, Reiser nous montre l’Idée sous le symbole et comme peu d’autres, est capable de voir au-delà des formes.