L’HOMME AUX TROIS LETTRES

Contribution La Griffe Ile de France

Rubrique Hors-Normes

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲▲△△

Rapport avec le rite ▲▲▲△△

« J'aime les livres. J'aime leur monde. J'aime être dans la nuée que chacun d'eux forme, qui s'élève, qui s'étire »

Cet aveu de Pascal Quignard est celui d'une passion dévorante : celle des livres. Au-travers de 38 chapitres il nous invite à le suivre dans le monde de la réflexion profonde et celle du jeu, celle du livre, rive bouleversante, à l'écart du monde mais donnant sur le monde sans jamais y intervenir. Les livres ramènent à une sorte de très profonde musique qui a commencé avant que le monde ne naisse : La musique des sphères, preuve que l'homme vient de quitter, en partie, le domaine de l'instinct pur, animal, pour celui du symbolique, par le langage, mais aussi simultanément par celui de l'écriture, cet acte fou qui voudrait que le graphe soit un moyen de figer l'éternité.

Pascal Quignard s'inscrit dans le courant de la découverte curieuse des autres et de soi-même, tout en étant conscient du danger de jouer, en solitaire, avec l'inconscient.  Il sait aussi que la lecture est la recréation d'un monde de l'enfance là où « on nous racontait des histoires ».

Saint-Augustin, écrit que c'est dans la lecture qu'il retrouve le monde amniotique. La lecture devient la mise en place d'un monde à soi, remède contre la brutalité du réel. La question étant de savoir si on demeure dans cet isolement assez sensuel ou si un passage est mis en place par le sujet pour passer de l'imaginaire au réel. La lecture est-elle une forteresse ou un pont ?

On plonge dans la lecture comme on plonge dans la mer (La mère ?!) dans un lieu, en tout cas, où l'âme se perd. Mais, cette aventure isole aussi le lecteur. Le lecteur se tient entre deux royaumes : celui de l'utérin et celui du solaire qui éclaire la vérité du sujet. Lire ou écrire suppose un moment parasite, un « temps mort » qui fait pourtant partie du « temps », une forme de droit à la paresse » C'est seulement aux yeux de l'illettré que l'écriture est morte. La littérature, chez Pascal Quignard, est la vraie vie qui raconte et rassemble la vie disloquée, bloquée, désordonnée, violée, gémissante. Lire, c'est entrer dans un texte, donc dans une toile dont on ne sort pas.

Fines mouches, nous nous laissons prendre dans la toile de Pascal Quignard, ou, nous tournons la page !

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