CÉLÉBRATION DU GÉNIE COLÉRIQUE

Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique Hors-Normes

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲△△△

Facilité de lecture ▲▲▲△△

Rapport avec le rite ▲△△△△

Onfray frise rarement le génie, mais c’est un monstre de mémoire, de culture, un vrai penseur quoi qu’on en dise, un redoutable tribun et un combattant. C’est aussi un passeur, un dénicheur, mais, dans les revers de la médaille, on y trouve son ego, sa colère et sa trop grande habitude d’écriture !

Cette « célébration du génie colérique » se présente sous la forme d’un hommage à Pierre Bourdieu qui fût maltraité par les médias, même après sa mort.

Onfray utilise en dédicace, à chaque début de paragraphe des citations virulentes des grands journalistes publiées à l’occasion de la mort du sociologue.

Bref, c’est du Onfray qui tape sur les journaleux, et avec raison. Nous connaissons ses arguments, imparables, mais ce n’est pas à la hauteur de l’homme, ça manque de « raisons » et de « raison », il leur reproche de faire à Bourdieu ce que lui-même est en train de leur faire, ça manque d’élégance, parfois même de cruauté, car ces journalistes méritaient bien pires et Bourdieu bien mieux.

C’est le livre d’un homme en colère, qui sous-entend qu’il subit les mêmes injustices. Comme Bourdieu, il ne renie pas ses origines, et la caste médiatique leur fait payer cher le fait qu’ils ne s’abaissent jamais à faire des courbettes au Pouvoir. Cependant, Onfray s’est encore une fois laissé aller à l’écriture compulsive, la prose sans fin… C’est pénible à lire, brouillon, répétitif… lourd.

Il aurait été plus inspiré d’écrire sur l’œuvre de Bourdieu, d’en être un nouvel éclaireur, ou un vulgarisateur, à l’instar de son œuvre gigantesque, rendre accessible la philosophie grâce à son Université Populaire. Je pense qu’il aurait été bien plus utile qu’en écrivant un pamphlet contre une caste intello-médiatique, indéboulonnable, parisienne, citadine et solidement arrimée aux rochers des puissants comme une moule de bouchot, accrochée à ses certitudes et rêvant d’aventures, comme une tique sur les testicules du randonneur égaré.

L’objectif n’est pas atteint dans cet ouvrage, et c’est dommageable, pour Onfray et pour Bourdieu.

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