LES TRÉSORS DE LA MER ROUGE.

Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique Coups de coeur

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△

Facilité de lecture ▲▲▲▲▲△

Rapport avec le rite ▲△△△

D’où ces quelques écrits pour France Soir en 1970, et réunis sous le titre : « Les trésors de la mer rouge ».

Les seuls trésors que l’on puisse ramener de ses voyages « sont ceux qui se rattachent à cette mine de richesse et de pauvreté inépuisable qu’on appelle l’âme humaine ».

C’est une pérégrination que s’offre ainsi Gary entre Djibouti, Somalie, Yémen dans cette Arabie heureuse (l’a-t-elle réellement été un jour ?), prenant  prétexte à rencontrer quelques colonisateurs, hauts fonctionnaires, civils et militaires, perdus dans cette épaisse fournaise et gardiens d’un monde évanoui…Un désert où il n’y a (y eut-il ?) plus rien à prendre, où la fierté colonisatrice s’est muée, pour la plupart d’entre eux, en une volonté de mettre un point final à cette occupation « et que ce point soit lumineux », point humanitaire principalement et donc par-là authentique. Ceux qui sont là-bas (en 70) sont au service de tout autre chose que les « intérêts français ». Et si, aussi, c’était nous qui avions besoin d’eux, de ces tribus belliqueuses, de ces noirs paysages acérés ?

Gary, par son intelligence et sa franchise renverse toujours les rôles, fouille et confronte les richesses passées (la mythique reine de Saba) à la pauvreté d’aujourd’hui, l’occupation étrangère (comme la Légion) opposée au nomadisme, la liberté des uns au commerce d’esclaves des autres… Amertume et espérance.

« A la première aristocratie du monde, celle de Ramsès et Toutankhamon » se frotte aujourd’hui la prostitution forcée, l’absence de ressources, la tuberculose et l’influenza, tout en sachant qu’ici, la souffrance est considérée comme normale Monde mitigé où la notion d’aventure devient ce qu’elle peut être de plus difficile : une immense responsabilité…

Un bouquin de rien qui, sous des airs de baroudeur, cache bien son jeu, celui d’une prise de position.