LA RAISON GOURMANDE

Contribution La Griffe  Lorraine

Rubrique Métaphysique

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△

Facilité de lecture ▲▲△△△

Rapport avec le rite ▲△△△△

L’un des premiers Onfray, quelques années après le « ventre des philosophes » qui abordait l’influence du corps sur la pensée. Après le « corps », il s’attaque à « La Raison … gourmande ».

Vous noterez le « R » majuscule, je vous avoue humblement que la signification m’a échappé… et je ne l’ai pas rattrapée !

Onfray s’attarde à mettre en valeur les cinq sens de l’Homme, ses possibilités créatrices en termes de gastronomie… Tout cela en huit chapitres particulièrement baroques où sont abordés des sujets comme l’histoire du chocolat, du Champagne, Grimod de la Reynière, Brillat-Savarin, le vin, l’art et la philosophie bien évidemment.

Le tout est particulièrement indigeste. Comme pour un bon repas, l’élégance et la subtilité doivent accompagner les graisses et les alcools. Onfray se laisse totalement aller, il écrit comme il urine, c’est un flot continu débordant.

Noyées sous ses connaissances, certes impressionnantes, ses idées se perdent sous sa prose adipeuse, interminable, baroque et rêche. Le talent, la culture et l’intelligence du philosophe se trouvent laminés, écrasés et ensevelis sous sa propre plume.

Onfray est un chef « 3 étoiles » qui ne parvient plus à rester en équilibre sur la crête délicate du goût, entre le trop et le pas assez, il a sombré dans le trop. Il nous déverse un burger de poitrine de porc au foie gras truffé de frites à la raclette, le tout revenu dans du saindoux et servi avec une mayonnaise au beurre arrosé d’un Cognac grenadine ou d’une mirabelle au Coca. Bref, c’est un chef qui fait un AVC.

Vous trouverez pourtant de nombreux passages passionnants… Mais il faut avancer au milieu d’un texte marécageux qui produit une pensée confuse. Habituellement, l’objectif de la pensée d’Onfray est limpide, c’est ce qui lui vaut aussi pas mal d’ennemis, ici, je n’ai pas saisi l’objectif ou la « raison » autre que le plaisir d’écrire et d’étaler un hédonisme culturel presque à rebours de ses habitudes.

La quatrième de couverture m’a beaucoup amusée, Onfray déteste Bernard-Henry Lévy, qui le lui rend bien, mais c’est pourtant BHL qui dirigeait cette collection « Figures » de Grasset à l’époque et qui a donc accepté ce manuscrit, c’est une preuve supplémentaire, s’il en fallait, de son incompétence.