Un chemin d'ambroisie
Contribution La Griffe : Lorraine
Rubrique Métaphysique
Recommandation de lecture ▲▲▲▲
Intérêt général ▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲
Rapport avec le rite ▲▲▲▲
Agapê – éros – storgê – philia – fin’amor – caritas – cupido – amour, sexe et tutti quanti !
L’ambroisie était la nourriture des dieux grecs qui assurait l’immortalité, c’est de cela que nous parle la fabuleuse Jacqueline, mais, espiègle, elle sait forcément que l’ambroisie est une plante dont la semence est fortement allergisante, provoque de l’asthme et donc entraîne une désorganisation de pneuma.
La grande Jacqueline nous offre sa vision de l’agapê en réhabilitant Éros. Elle ne peut s’empêcher de lier cela au fin’amor du Moyen-Âge, sa grande passion, sa nostalgie d’un amour courtois, à mon avis totalement mythifié par la littérature, mais qui est un idéal pour Madame Kélen.
Cet ouvrage fait partie des textes de Jacqueline qui oscillent entre la misandrie et l’androphobie, c’est-à-dire entre la haine et la peur des hommes. Donc le texte explique que la femme est amour, douceur, générosité, spiritualité, détentrice de la totalité de l’érotisme, etc., et que le mâle (je raccourcis son propos) est un gros « prédateur ».
Au-delà de ces considérations colériques anti-bonhommes, les religions en prennent aussi pour leur grade, mais c’est normal, car ce sont des outils masculins, créés par et pour les hommes. Là, pour le coup, une grande partie de son propos est justifié.
Il faut passer un peu au-dessus du courroux kellenien habituel pour arriver au cœur de son propos : la réhabilitation de l’éros, aussi bien dans les religions que dans toutes les pratiques spirituelles, y compris la maçonnerie qu’elle aborde en filigrane. Elle place Éros bien au-dessus de l’amour du prochain et fustige la caritas chrétienne.
Bien entendu, son propos est étayé, limpide et puissant comme à son habitude, c’est pourquoi il est difficile de se positionner facilement. Ses arguments sont percutants et heurtent la « bien pensance » du maçon(ne), et c’est là que se passent les choses intéressantes, c’est-à-dire la remise en question permanente d’éléments qui semblaient pourtant inflexibles, résolus et immuables. Ce n’est ni dans l’acceptation ni dans le refus que se trouve la magie de l’argumentation de la grande Jacqueline, mais dans la prise en compte de toute sa réflexion qui permet d’éviter la stagnation.
Madame Kelen, habile, parle de sexualité, mais de façon lointaine, son propos n’est pas complet, elle persiste à vouloir éviter l’incontournable condition humaine du sexe tout en fustigeant le célibat et l’ascétisme.