ALEXIS ZORBA
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Coups de coeur
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲▲△
Rapport avec le rite ▲▲△△△
C’est dans un décor enchanteur, magnifié et gorgé de soleil, sur une plage de sable blanc, sous les figuiers de Barbarie et les oliviers, enivrés par les odeurs de fleurs d’oranger et de thym, que Nikos Kazantzaki a situé ce récit où il décrit la société rurale des années 1930, archaïque, dominée par le patriarcat et par l’omniprésence de la religion.
De retour en Crète pour reprendre la gestion et l’extraction d’une mine de lignite, le narrateur, jeune intellectuel utopiste, engoncé dans ses livres, rencontre, dans un bar du Pirée, Zorba, aventurier originaire d’un village de pêcheurs de Macédoine. Agissant comme s’il devait mourir à tout instant, ce dernier vit pleinement le moment présent.
Alexis Zorba, c’est d’abord et avant tout une formidable leçon de vie, de tolérance et de confiance en la nature humaine. C’est aussi l’histoire d’une amitié improbable entre un jeune intellectuel tourmenté et un homme qui représente ce qu’il cherche depuis longtemps, sa figure opposée.
C’est le choc salutaire de la rencontre des contraires, de deux visions de la vie qui se confrontent sans s’affronter, de deux personnalités diamétralement opposées, l’une cérébrale, l’autre volcanique, deux versants de l’homme dont la réunification donnerait l’Homme parfait. C’est l’alchimie merveilleuse qui se crée dans un désespoir traversé de lumière, union de l’écrivain qui incarne le mot, le corps, le principe féminin et de Zorba qui symbolise la musique, le verbe, le principe masculin.
Dans cet ouvrage envoûtant, l’auteur interroge notre rapport au monde, à la vie et à nos choix. Un monde rempli par la peur de la mort à laquelle chacun sera un jour confronté. Certes, agir mène à commettre des erreurs et laisse des cicatrices, mais à l’aube de la mort, il n’y a sans doute rien de pire que de se rendre compte que nous avons été spectateur passif de notre propre existence.
À l’écriture sensuelle, évocatrice et touchante, ce livre, qui sent l’huile d’olive et la terre après l’orage, est une philosophie, une religion de la beauté, de la liberté et de la joie de vivre, une promesse de se relever malgré les malheurs, un hymne à l’optimisme et à l’amitié.
C’est enfin l’Amour d’un auteur pour son pays qui transpire à travers ces lignes et qui finit par nous emporter.