LES TROIS VISAGES DE L’AMOUR – Eros, Philia, Agape

Contribution La Griffe Midi Pyrénées

Rubrique Ad Hoc

 Le vrai problème n’est pas de savoir si nous vivrons après la mort, mais si nous vivrons avant la mort.

Recommandation de lecture: ▲▲▲▲

Intérêt de lecture: ▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲▲▲

Rapport avec le rite: ▲▲▲▲

En professant que « La plus grande faiblesse de la pensée contemporaine réside dans la surestimation extravagante du connu par rapport à ce qui reste à connaître », André Breton nous incite à chercher la vérité. Anthropologue ontologique. Maitre de conférences, Michel Fromaget s’y réfère pour réhabiliter l’amour, vertu galvaudée par les complaisances humaines qui dissimulent leurs insuffisances derrière le poids des mots. A cet effet, il présente un recueil ordonné de douze conférences ou essais, agencés logiquement mais au risque de redondances, dans lesquels il convoque une pléiade de témoins relevant des arts libéraux et de la religion. Une place particulière est réservée aux pères du christianisme originel, associés à Maurice Zundel, prêtre Suisse, et Nicolas Berdiaev, philosophe Russe et marxiste repenti, figures mystiques du vingtième siècle. Le lecteur va ainsi s’identifier à l’homme qui choisit de rencontrer Dieu dans la contemplation silencieuse de son intériorité, celui du nouveau testament, principe universel d’Amour et de Liberté qui l’aime et le libère pour donner Sens à sa vie. « L’au-delà est au-dedans », paradoxe d’un abandon de l’égo dans une démarche personnelle, mobilisatrice des énergies vers ce que Paul Diel a identifié comme le désir essentiel. La tripartition de l’homme y est naturellement associée, la passivité individuelle, le pathos, d’Eros-Cupido et de Philia-Amor, œuvres de chair liant les corps et les âmes, et l’activité collective, l’ethos, de Agape-Caritas, émanation divine liant les esprits, interfaces d’une harmonie des mondes sensible, intelligible et céleste. Par Agape, l’homme se divinise, aime les autres et la création, par Philia et Eros il s’immerge dans la vie réelle et perpétue l’espèce. Le combat est incertain, mais la victoire est à la portée de l’être conscient, deuxième naissance qui le détourne des abymes de la matérialité, metanoia pour un accomplissement assurant l’immortalité de son âme. L’exposé, éthologique et religieux, fait ainsi rimer inceste avec essence, synchronicité avec providence, comportement avec loi, animal avec anima, marginalisant, voire discréditant, toute hypothèse scientifique ou métaphysique. Dieu et mon droit me font et me guident, l’Ordre post-mortem s’établit après le chaos in-vivo. Pas d’enfer pour l’indifférent, mais la mort véritable au jugement dernier.