L’ÉPREUVE DU LABYRINTHE

Contribution La Griffe Hauts-de-France

Rubrique AdHoc

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△

Facilité de lecture ▲▲▲▲△

Rapport avec le rite ▲▲▲▲△

Ces entretiens retracent la vie de Mircea Eliade. Adepte de la « coïncidentia oppositorum », l’historien des religions est ce pont unissant les deux pôles que sont l’Orient et l’Occident, révélant les sources Traditionnelles qui stimulent la mémoire de l’origine, et ce, au travers des mythes entendus uniquement dans leur sens cosmogonique et au travers de la mythologie considérée exclusivement comme une histoire sainte.

Il n’est donc pas surprenant de constater que pour l’auteur, la notion de sacré, camouflée dans le monde profane, n’implique pas la croyance en Dieu, et peut se voir démasquée par exemple dans la théorie Marxiste avec le rôle rédempteur du juste, la lutte finale entre le bien (le prolétariat) et le mal (la bourgeoisie), suivie par l’instauration de l’Âge d’Or; allant même jusqu’à voir en Mao (qui se disait être le dernier empereur) le responsable de l’ordre et de la fécondité de l’empire, en tant que gardien et interprète de la bonne doctrine, assurant la paix et le bien-être de son peuple.

L’historien des religions reconnait toutefois que le rapport à la transcendance manque dans ces idéologies politiques, les images qu’elles véhiculent étant d’ordre « transhumain » ou « surhumain » ne présentent la notion d’«archétype » que comme un « modèle exemplaire » révélé dans le mythe et réactualisé par le rite, les « Mystiques » et les « Inspirés » n’étant (toujours pour l’auteur…) uniquement que l’expression d’une source primordiale de l’art et de la métaphysique.

L’épilogue de cette œuvre nous laisse toutefois entrevoir l’espoir heureux, d’une possible remise en cause de certains propos que l’auteur considère comme étant « circonstanciels et provisoires…et que tout reste ouvert… », ajoutant que la question du divin le préoccupe et qu’il espère la traiter un jour, « de façon personnelle et cohérente, se voyant ni maître à penser, ni guide, mais simplement compagnon des autres, hésitant à toucher de manière trop improvisée ce problème essentiel ».

Je vous conseille cette œuvre vivante présentée sous forme d’entretiens qui, grâce à la dialectique de Claude-Henri Rocquet, permet de déceler chez Mircea Eliade une aspiration divine non avouée et présentée comme un problème essentiel, mais qui ne manque pas de confirmer, si besoin en était, que l’ouverture au sacré ne peut s’entendre sans la transcendance.

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