LE PASSEUR DE LUMIÈRE
Contribution La Griffe Île de France
Rubrique AdHoc
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲▲△
Rapport avec le rite ▲▲▲▲△
L’architecte Rosal de Ste Croix, rêve d’une église à l’image éblouissante de la Jérusalem céleste. Éblouissement ne pourra jaillir que de la lumière des pigments de vitraux touchant l’esprit par leur universalité chromatique. Pour cela, Rosal a besoin d’un Maître verrier. Ce sera Nivard de Chassepierre. Sa mission ! : « Tu collecteras les couleurs avec leur pigment aux 4 coins du monde » Nivard s’intègrera au convoi des Templiers partant pour Jérusalem. Ainsi de Clairvaux à Constantinople, d’ateliers verriers en chantiers cathédraux, Nivard recherchera l’épanchement d’une lumière limpide dans la pâte verrière libérée de son poids.
Il s’agit de découvrir la pierre de diamant qui servira de fermoir à la châsse de Saint Materne en l’église de Huy. Un évènement va poursuivre Nivard durant son périple : alors qu’il n’est encore qu’adolescent, sa mère Blanche de Chassepierre, chassée de son fief, meurt dans l’humiliation de ne pouvoir être enterrée dans la nécropole familiale. Suite à cet affront, Nivard fera un pacte avec la morte : ne plus accepter ni l’hostie des prêtres, ni leurs prières. Pour le sceller, il tracera à l’encre noire sur sa ceinture cette phrase amère : « Cherche la Lumière de Dieu à travers la matière au mépris des humains »
Et c’est là que le bât blesse quant à la pureté de la démarche de Nivard, telle la paille qui fissure le chatoiement du vitrail et ombre à la fois le message et le messager.
« La hauteur de l'orgueil se mesure à la profondeur du mépris. » disait André Gide. Nivard ne se départira jamais de cette morgue instinctuelle, presqu’animale qu’il paiera au prix fort. Situations humiliantes, section d’une de ses jambes, assassinat de sa femme de ses enfants. Rien ne lui sera épargné pas même la finalité de sa croisade artistique : trouver la pierre de diamant qui clôturera la Châsse de Saint Materne en l’Eglise d’Huy, son maître l’ayant coiffé sur le fil.
Comment justement faire jaillir la lumière de notre ombre ? telle est l’interrogation sous-jacente de ce livre.
Juste avant de mourir, alors qu’il pense avoir découvert l’harmonie lumineuse devant une rosace imaginaire et qu’un Gerfaut le fait tomber dans le vide, il laissera filtrer ces derniers mots : « Que peut prétendre un humain infirme et tors dans la chasse gardée des anges »
Sans le mépris, j’aurais vraiment aimé ce livre !