LA PEINTURE ET LE MAL

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Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique Art

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△

Facilité de lecture ▲▲▲▲△

Rapport avec le rite ▲▲▲△△

Depuis des décennies ce qui occupe la majorité des critiques d’art, mais aussi des amateurs, n’est pas la peinture, mais le « marché de la peinture ». Leur formation semble être l’école de commerce plutôt que les Beaux Arts. Est-ce l’agonie de la peinture ? Quel lien entre l’extinction progressive d’un art et le tragique naufrage de nos civilisations ? C’est à cette question que tente de répondre Jacques Henric.

Dans l’histoire de la peinture, un événement important : l’apparition du chevalet, qui a imposé un cadre délimitant l’espace. Au moment où la couleur quitte les vastes murs des églises et des palais et doit alors être contenue, enfermée, dans une surface délimitée, paradoxalement, l’imagerie chrétienne cesse d’être omniprésente et une terrible lucidité va apparaître.

Pourquoi les peintres peignent-ils ?  D’où vient cette passion ravageuse qui les torture au point qu’ils vont peindre avec leur peau qu’ils arrachent avec celle du monde, découvrant que ce monde n’est qu’un malentendu, que donner la vie c’est apporter la mort, que toute naissance n’est qu’un crime… Les tourmentent les hauteurs difficiles de la religion comme les noirceurs de l’enfer, de la guerre, de la volupté, la présence insupportable de Dieu, son absence tout aussi insupportable, la présence torturante du sexe, son absence tout aussi torturante.

De la considération du fait religieux jusqu’à la chambre du peintre, l’enquête est sérieuse. Elle soulève la peau de la peinture pour voir ce qu’il y a dessous ; la peinture n’est pas une activité innocente.

Pour qui les peintres peignent-ils ? Pour les autres d’abord, aussi pour l’argent souvent, puis ils peignent pour eux-mêmes. Et en fin de compte le vrai peintre peint pour la peinture.

Ce livre qui décoiffe n’est pas qu’un essai sur la peinture. C’est aussi une réflexion sur notre époque, sur les idéologies du bien et du mal, sur le retour des vielles hérésies, sur l’irruption de la monstruosité dans le réel (nazisme, guerres, multiplication des charniers humains). Les monographies de quelques peintres contemporains y sont éblouissantes. Cet ouvrage, superbement écrit, appuyé par une vaste érudition, se situe dans la continuité des essais sur l’art d’André Malraux et de Georges Bataille.

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UNE HISTOIRE DE LA PEINTURE CONTEMPORAINE FRANCAISE