MADAME PYLINSKA ET LE SECRET DE CHOPIN

Madame Pylinska et le secret de Chopin - Eric-Emmanuel Schmitt - COUV.jpg

Contribution La Griffe Parisienne

Rubrique Art

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△

Facilité de lecture ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite ▲▲▲△△

Une « initiation » par la musique ?

Rimbaud écrivait dans l’une de ses lettres : « l’art nous aide à inspecter l’invisible et entendre l’inouï ».  Autre façon d’exprimer ce que nous a révélé notre expérience initiatique et que toutes les traditions religieuses ont toujours su, à savoir que la Beauté est une voie d’accès au Sacré car elle ouvre l’âme par l’éveil des sens et peut lui rendre perceptible cet « invisible » et cet « inouï».

Dans ce tout petit livre Eric-Emmanuel Schmitt nous montre incidemment combien la musique, en tant qu’art et discipline, est une source d’élévation en racontant avec à la fois humour et profondeur sa propre initiation à l’œuvre de Chopin.

Enfant, il avait été enchanté par sa tante qui lui en avait joué un morceau, et le pianiste amateur et besogneux qu’il est devenu veut absolument devenir capable de revivre et de faire partager cette même intensité d’émotion en en maîtrisant l’exécution. Un professeur de piano excentrique, Madame Pylinska, le conduit sur ce chemin.

Sans que soit racontée en détail cette nouvelle qui se lit comme un conte, pour que chacun puisse la goûter à sa manière, on peut savoir que Madame Pylinska lui proposera une série d’épreuves avant de l’autoriser à approcher les touches de son piano, par exemple d’écouter la musique avec son corps, couché sous le piano, de cueillir des fleurs sans en perdre la rosée, d’observer les ondes sur l’eau, ou de percevoir l’effet du vent sur les arbres pour comprendre la nécessité du tronc, « robuste, stable, imperturbable, tandis qu’en haut le feuillage de la mélodie frissonne… »

A chacun d’interpréter la signification de ces épreuves : la Terre ? l’Air ? L’Eau ? Et de comprendre leur intérêt : Détachement ? Lâcher-prise ? Fusion de l’être avec la nature pour « ouvrir l’âme » ?...

En tous cas, l’initiation portera ses fruits. Soumis involontairement à ce qui peut être interprété comme une épreuve du Feu, la maladie bientôt létale de sa tante si aimée, il interprétera une fois avec bonheur (mais une fois seulement) le larghetto du Concerto n°2 de Chopin, et partagera cette joie avec elle.

Cet instant unique d’élévation et de communion justifie à lui seul l’intensité des efforts consentis et vaut pour lui une éternité. Mais il est éphémère car l’homme ne peut atteindre le ciel que lors de fugaces moments de béatitude !

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