LA CLOCHE EN SOL DIÈSE
Contribution La Griffe Midi-Pyrénées
Rubrique Art
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲△△
Facilité de lecture ▲▲▲△△
Rapport avec le rite ▲△△△△
Le réel vécu illumine le dernier et court recueil de poèmes de Régine Ha Minh Tu, « La cloche en sol dièse », illustré par Yves Gaubert et constituant le 519ème n° d’« Encres Vives ».
Voilà̀ quelques années que j’attendais de nouveaux poèmes de cette artiste dont Bruno Durocher publia le premier recueil « Mots sans lune » en 1991 à ses éditions « Caractères ».
Celle qui fut longtemps traductrice-archiviste aux Archives internationales de la persécution nationale-socialiste en Allemagne, a été bibliothécaire universitaire à Berlin, Lyon et enfin à Toulouse où lui fut confiée la gestion des revues scientifiques à l’Université Paul Sabatier. Membre de la Société d’Histoire Naturelle de Toulouse, elle organisa dans notre ville, entre-autres, une riche exposition de ces revues dont je garde un excellent souvenir.
Après « Revers d’encre », « La Morsure » et « L’Empreinte » trois recueils parus à Encres Vives, Régine Ha Minh Tu, née à Paris de père vietnamien et de mère berrichonne, revisite depuis la lumière de son dernier domicile, dans l’Aude, les lieux multiples qu’elle a traversés en un abécédaire « comme une prière lancinante à [sa] vie » alors qu’« une cloche sonne non loin ».
La mise en page, les illustrations, la brièveté des textes, poèmes en prose, rendent ce parcours de mémoire très vivant et séduisant. Seul le poème pouvait extraire en quelques lignes la racine profonde d’un lieu avec une aussi intense subjectivité. Les lieux sont les moments de la vie. En partageant ses lieux, nous partageons sa vie.
Les lieux s’animent et chacun recèle une sensualité propre.
Avec Régine Ha Minh Tu, j’ai voyagé, sautant d’une ville à l’autre sans aucune logique géographique, d’un pays à l’autre, d’un continent à l’autre. À chaque saut, une tranche de vie avec ses couleurs, ses odeurs, ses sentiments, ses images. Une confrontation à ma propre expérience des lieux que je connaissais et à la découverte des autres. Dans un intérêt et un enrichissement constants. Ma curiosité piquée au vif, j’ai marqué des étapes inconscientes dans la remontée de tous ces lieux, j’en ai appelé à ma mémoire, retrouvé des sensations oubliées, rêvé dans l’imaginaire de l’inconnu. J’en suis même venu à me surprendre à commenter chaque ville de l’abécédaire.
Une lecture vivante, vous dis-je, trop tôt achevée. A lire et à relire !