Histoires de peintures
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Art.
La lecture d’Arasse provoque l’étonnante perception de sa voix… au temps de ses émissions sur France Culture.
Recommandation de lecture : ▲▲▲▲▲
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite ▲▲▲
Daniel Arasse est un grand historien de l’art, je ne sais pas si c’est le plus grand, mais c’est le plus pédagogue, le plus malin, le plus clair dans ses propos et malgré toute la subjectivité de l’exercice, le plus persuasif.
Cet ouvrage n’est pas une véritable création littéraire, c’est la transcription d’émissions diffusées sur France Culture au début des années 2000.
Daniel Arasse est mort prématurément, mais sa voix (toutes les émissions sont accessibles sur le web) reste un modèle pédagogique. Son analyse de chaque œuvre est méticuleuse, précise, à aucun moment il ne tente de cacher une intuition derrière une théorie fumeuse ou un savoir ésotérique, toutes ses idées sont explicitées, justifiées, fondées.
Là où la plupart des critiques et historiens se cachent derrière la subjectivité ou l’érudition, jusqu’à en perdre l’auditoire, Arasse met tout en lumière et nous permet de redécouvrir une belle série de peintures qu’à force de voir, nous ne voyons plus.
Je n’émettrais aucun jugement sur les analyses de l’auteur, je vous donne juste l’exemple du pont en arrière-plan dans la Joconde de Vinci. C’est le seul élément construit par l’homme, le seul élément du tableau qui ramène à une civilisation. Pourtant il est d’une force extraordinaire, il est le symbole du temps qui passe dans ce paysage où tout est immuable, la rivière (invisible) s’écoule. Il est un passage d’un monde à l’autre, comme le sourire de la Joconde qui relie la droite et la gauche de l’arrière-plan, alors qu’elle-même est en avant-plan, du côté du spectateur. C’est cette multitude de détails et d’interprétations que révèle Daniel Arasse dans ces textes courts et accessibles à tous les néophytes.