Contribution La Griffe Midi Pyrénées

Rubrique Art.

Un nouvel essai de Sophie Nauleau, percutant, comme toujours, sur la fuite du temps.

Recommandation de lecture :  ▲▲▲▲        

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲     

Facilité de lecture:▲▲▲▲ 

Rapport avec le rite ▲▲ 

Sophie Nauleau a rédigé́ au début de cette année une apologie de l’éphémère, à 44 ans, « l’âge où l’on commence à ne plus pouvoir espérer vivre le double » selon Jules Renard dans son Journal, en 1908. Dans ce plaidoyer qui est aussi en faveur de la poésie - la vocation indéfectible de la directrice du Printemps des Poètes - le ton est alerte, familier, terriblement vivant. Elle cite les paroles de chansons de variétés françaises et anglaises au même titre que les grands auteurs. Elle a l’aisance de sa génération et de l’épanouissement de la quarantaine. C’est cette assurance qui l’autorise à considérer le temps imparti à nos destinées avec autant d’acuité́ voire de défi.

C’est la poésie qui la délivre de l’angoisse paralysante de la mort. La poésie est l’école de la lucidité́ et nous prépare à nous familiariser avec l’inévitable : « En me consacrant à la poésie plutôt qu’à toute autre forme de commerce, peut- être ai-je choisi d’exorciser le désespoir à la vie à la mort. Révoltée que j’étais que nul n’ait trouvé d’antidote à l’affliction humaine qui nous tombe sur le paletot à chaque sépulture. Je ne prétends pas qu’il faille faire une fête des funérailles, encore moins atténuer la douleur, mais au moins apprendre à s’acclimater avec ce qui nous attend tous, au bout du chemin. La seule inévitable vérité́ et certitude qui soit. »

Sophie Nauleau nous renvoie à notre humilité́ oubliée. L’humanité́ doit savoir « s’éclipser de temps à autre », ne plus mettre « l’humain toujours en haut de toute pyramide ». Comme les Dinosaures, l’espèce humaine passera. Et puisque « contrairement à l’impossible, à l’éphémère sommes tenus », la poésie qui conjugue l’éphémère à tous les temps « a des vertus vitales tout aussi cruciales que l’activisme politique. »

L’activisme poétique si légitimement revendiqué par Sophie Nauleau ne l’écarte pas du réel, car la vision poétique du monde, comme ne cessent de le proclamer les poètes, est une approche accrue de la réalité́. De tous les maux engendrés par la production de l’activité́ humaine constate l’auteure, “la prolifération humaine est le pire des ravages environnementaux.” Pouvoir se fondre dans l’éphémère, comme le poème, est la clef d’une frugale sagesse : « Pas de doute, l’insecte qui a donné́ son nom au temps qui nous dévore hausse le ton de la vie. »

 

 



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