LA TOUR - LES CITÉS OBSCURES

Contribution La Griffe Hauts-de-France

Rubrique Bd / Polars

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite ▲▲▲△△

Quatrième ouvrage de la série Les cités obscures de François Schuiten et Benoît Peeters, cette bande dessinée nous transporte dans un monde imaginaire à la fois médiéval et renaissance. Le récit se nourrit d'une forme de rêverie autour de variations de la Tour de Babel de Bruegel tout en déroutant sa lecture dans le monde plus chaotique de Kafka.

On peut s'étonner du tour de force réussi par les deux auteurs de traduire explicitement par la bande dessinée la notion d'infini dans un récit non linéaire. La clé de l'ouvrage réside, de mon point de vue, dans une approche où l'expression du non renoncement s'exprime dans la difficulté d'un cheminement qui est toujours progressif. C'est ainsi que la fin évoque un accomplissement en ayant conscience que l'essentiel reste à faire.

Nous sommes bien dans une démarche initiatique d'autant qu'à cette quête ascendante succède un voyage vers les profondeurs : alors que la démystification a lieu au sommet de l'édifice dans la lumière la plus éclatante, l’issue se situe au plus obscure de celui-ci, dans son centre.

Cet ouvrage reflète aussi, à mes yeux, un fabuleux récit de l’exploration d’un monde déliquescent, une fable épique aux dimensions d’un édifice-univers. Sans nul doute une échappée fantastique pleine de paradoxes, de simulacres et de faux-semblants qui touchent et raisonnent intérieurement. Mais il peut aussi dérouter par la nature même de son récit, une narration peu banale dans sa construction, qui s'adresse sans nul doute à la sensibilité d'un public averti.

Réalisée en noir et blanc, cette oeuvre a pénétré mon imaginaire en distillant des éléments fondamentaux que j'ai reconnu dans l'exigence de la quête initiatique. Elle n'est pas sans rappeler notre approche Ecossaise du cheminement. Une véritable curiosité recommandable.