Mémoires d’outre-tombe

Contribution LA GRIFFE Lorraine

Rubrique Coups de coeur

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲

Recommandation de lecture ▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲▲

Rapport avec le rite ▲

« L'homme n'a pas besoin de voyager pour s'agrandir ; il porte avec lui l'immensité. »

Ouvrage hors norme, les Mémoires d’outre-tombe sont le testament d'un homme qui a traversé l'Histoire (Ancien Régime, Révolution de 1789, première République, Empire, Restauration, Monarchie de juillet et deuxième République) autant qu'il a été traversé par elle. Dépeint par Victor Hugo comme la personnification de l’égoïsme, sans amour de l’humanité et de nature odieuse, Chateaubriand est pourtant un des grands esprits de cette période qui a compté parmi les plus grands génies français.

Oscillant entre le récit de grandes choses et l'introspection mélancolique, il évoque tout d’abord ses rêves d'enfant comme nous avons eu les nôtres, puis le monde dans lequel il a évolué : la noblesse désargentée, la montée en puissance de la bourgeoisie, les petites villes provinciales, la paysannerie. Il écrit notamment : « L'aristocratie a trois âges successifs : l'âge des supériorités, l'âge des privilèges, l'âge des vanités ; sortie du premier, elle dégénère dans le second et s'éteint dans le dernier. “

A la fois touchant, sincère et fascinant, nostalgique de la noblesse tout en admirant les idéaux des Lumières, il est cet homme paradoxal avec toutes ces facettes, des plus attachantes aux plus détestables, le génie consistant à tout y faire tenir en parfaite harmonie.

 Si cette œuvre immense ne se lit pas en un soir, elle m’a fait accomplir, au travers d’un style d'une limpidité exceptionnelle, un voyage extraordinaire au cours duquel j’ai pu m’immerger dans une des époques les plus troublées de l'Histoire, où s’entremêlent poésie, romantisme et tragédie.

Je ne résiste pas à la tentation de vous faire partager ces quelques citations : « La menace du plus fort me fait toujours passer du côté du plus faible. », « Le bonheur est de s’ignorer et d’arriver à la mort sans avoir senti la vie. » ou encore « On se réconcilie avec un ennemi qui nous est inférieur pour les qualités du cœur ou de l'esprit, on ne pardonne jamais à celui qui nous surpasse par l'âme et le génie. »