Le Recours aux forêts — La tentation de Démocrite
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Coups de coeur
Intérêt général de l’ouvrage: ▲▲▲▲
Recommandation de lecture: ▲▲▲▲
Facilité de lecture: ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite: ▲▲▲
Onfray n’est définitivement pas un poète ni un auteur de théâtre. Ce texte d’apparence simple fait pourtant écho à toute son œuvre, notamment ses cours pour l’Université Populaire de Caen.
Pas de prose ou de roman, mais une sorte de grande poésie réaliste, hachée, dure ou magnifique. La première partie du texte explique pourquoi il veut se retirer loin du « monde », loin de la folie des Hommes… ces assassins, barbares, politiques, philosophes, religieux … un monde de fou ! La seconde partie décrit « le recours aux forêts », le retrait de la société, le bonheur de la nature, les animaux, les insectes, le végétal, la pluie, le vent, la neige, le soleil, la lune, les étoiles, les nuages, les arbres, les abeilles… Tout, sauf les hommes et leur production. L’explication du sous-titre « La tentation de Démocrite » décrit cette mise en retrait de la société des Hommes, le philosophe avait fait construire une cabane au fond du jardin pour terminer sa vie en « sage ». Onfray en rêve discrètement, puis un peu moins secrètement puisqu’il nous propose une vision totalement matérialiste… comme Démocrite, et pourtant comme à son habitude, la beauté du monde et sa faculté de joliment écrire dès qu’il est touché personnellement, le transforme à mon sens en athée relatif. Même s’il évite au maximum les notions d’arrière-monde, l’atomisme dont il se réclame pourrait coïncider à un certain Panthéisme ou à une incontestable immanence :
« …effaçant les traces de mon passage
La terre où je me décomposerai conservera cette force-là
Qui repartira ailleurs
Féconder l’âme d’un arbre qui recevra la pluie, le vent, le soleil et la foudre…
Posé en terre, je retournerai à la terre.
Atomes libérés d’une forme qui avait mon nom.
Particules reparties vers d’autres aventures. »
Ce livre est en fait un hommage à la sagesse universelle, aux vrais liens avec la nature, contrairement aux idéologues citadins : écologistes mondains, écologistes moraux qui envahissent les cerveaux, les réseaux sociaux, ces faux idéalistes qui ressemblent (dixit Onfray) aux utopistes américains, rarement propres dans leurs têtes « … des gens qui cherchent le centre d’eux-mêmes à côté d’eux, la quintessence des hommes du ressentiment qui constitue si souvent les révolutionnaires en quête d’incendies planétaires… »