SI CE LIVRE POUVAIT ME RAPPROCHER DE TOI

Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique Coups de coeur

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△

Facilité de lecture ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite ▲△△△△

Un aller-retour à Paris en train, ajouter une heure et demie de retard, c’est pile le temps nécessaire pour lire ce bouquin déraciné et qui pose une question fondamentale : Qu’ai-je donc en moi qui m’a toujours empêché de vivre en paix ?

Le divorce consommé, le chien aimé enterré au fond du jardin, restent la mère, confiseuse, trop tôt disparue et un dentiste de père s’échappant deux fois l’an au Canada pour y pêcher et y finir noyé. Ce que l’un boucha en plombages, l’autre le creusa en sucres.

Reste l’auteur, romancier : « Ah bon, vous ne faites pas de bouquins utiles ? Les gens ont bien besoin qu’on les aide » Bref… Alors, un soir empiler les livres que l’on a écrits pendant treize ans : 24 centimètres de hauteur pour toute une vie.

Il est temps de tirer un trait (de plume), de se replonger dans le courant de la vie, et sans s’en rendre compte galoper comme un enfant vers les bras de son père, « moi qui ne puis détacher un poisson de son hameçon. »

J’ai beaucoup aimé ce récit qui joue sans cesse, avec humour, des oppositions et complémentarités.

Alors quoi de mieux que le voyage pour combler le trou des désillusions ? Sommes-nous comme la mouche immobile posée sur le hublot de l’avion entre Miami et Montréal ?  « Quel facétieux destin l’avait poussée à entreprendre ce périple ? »

Direction La Tuque, refuge du paternel, ses forets impénétrables, ses lacs rayés du sillage des amateurs de pêche, ses pourvoiries (poêle à bois, vieux matelas, propane et table bancale… le paradis). Discuter avec les anciens amis du géniteur à la double vie, évidemment, et finalement franchir la limite de ces bois moustiqués pour enfin après treize jours de marche, couper la route forestière, synonyme de civilisation retrouvée.

L’avoir fait, et victorieusement lutté contre cette petite voix mentale qui vous JiminyCricketise à longueur de temps, rappelant le passé, analysant le présent, calculant l’avenir.

Pas besoin de carte, il faut marcher et laisser aux ronces sa vieille peau. 

Merci à la SNCF. Lui arrive-t-il, à cette auguste entreprise de laisser seul, sur une voie désaffectée le lecteur hameçonné par un bon bouquin ?

Lui laissant ainsi une chance d’être enfin en paix, à sa juste place.

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