SPINOZA, L’HOMME QUI A TUÉ DIEU
Contribution La Griffe Paris
Rubrique Coups de coeur
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△
Facilité de lecture ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite ▲▲△△△
Naïfs que vous êtes, vous pensiez que c’était Marx ou Nietzsche qui avaient tué Dieu ! Le grand Spinoza, dont Nietzsche pensait qu’il était un génie (entre génies, on se comprend), fut le premier fossoyeur historique de Dieu.
Attention ! Il ne s’agit pas d’un essai sur Spinoza mais d’un roman sur la vie de Spinoza par l’écrivain J.R. Dos Santos. Sacrilège pour l’auteur de l’Ethique ? A ma grande surprise, cela se lit presque comme un thriller.
L’auteur est érudit et malin et il arrive à vous faire passer quelques concepts spinoziens au travers de dialogues imaginaires, anodins que le philosophe aurait pu avoir dans sa communauté puis après avec des dissidents ou grands esprits de l’époque, comme Leibnitz entre autres.
Ainsi, on devine la doctrine spinozienne de l’uniformité de l’ordre causal, le conatus et ce qu’il osa dévoiler à la fin de sa vie : Dieu n’est rien d’autre que la nature (naturante et naturée).
L’illustre personnage absent du livre et qui s’impose quasiment en permanence comme la référence tutélaire de Spinoza, c’est évidemment Descartes, (cocorico) ce qui induit la qualité féroce du raisonnement de Spinoza (moderne rationaliste).
Spinoza a vécu une vie mouvementée et rarement drôle. Cela a commencé alors qu’encore très jeune, il fut excommunié par la communauté juive portugaise d’Amsterdam et en fut chassé. Il n’avait rien fait de moins que de remettre en question les Saintes Ecritures ! Après, il dut affronter les Chrétiens, notamment les Calvinistes et réussit l’exploit de se faire accuser d’hérésie par tous.
Cela ne vous économisera pas de lire Spinoza (courage !). Mais ce roman historique illustre plutôt bien le fait qu’il était difficile et dangereux de penser librement à certaines époques, notamment à cause des religions.