Elisabeth Finch
Contribution La Griffe Île de France
Rubrique Coups de coeur
Elisabeth Finch, nous invite à une méditation sur l'amour, la religion et le destin des êtres.
Intérêt général de l’ouvrage: ▲▲▲▲▲
Recommandation de lecture: ▲▲▲▲
Facilité de lecture: ▲▲▲▲
Rapport avec le rite: ▲▲
On ne se refait pas ! Décidément, nous avons de la tendresse pour Julian Barnes, tellement « So british » avec ce mélange caractéristique d'humour décalé, de stoïcisme qui cache ses émotions profondes et ce questionnement tolérant sur les motivations des hommes dans leurs différences. Sujets de curiosité plus intéressants parfois que les animaux familiers ! Il nous entraîne sournoisement vers la transcendance à partir de la banalité et nous fait rire de l'incongruité des situations. Quoi de plus banal, en effet, qu'un très médiocre comédien qui tombe amoureux d'une universitaire plus âgée que lui. Elle est un peu mystérieuse, passionnée par la figure historique de Julien l'Apostat. Celui-ci voulait restaurer le paganisme, un paganisme tolérant, tourné vers le plaisir dans l'instant, face à un christianisme ascétique promettant une félicité éternelle après la « vallée de larmes » terrestre. Pour Elisabeth : « S'il y a quelque joie à espérer pour nous, elle est dans ce bref passage sur terre, et non dans quelque absurde Disneyland céleste après notre mort » ! Barnes, naturellement, nous piège : il ne s'agit pas, bien sûr, d'une dissertation de théologie ou de philosophie, mais d'un mouvement qui conduit de l'admiration à l'amour. Point d'amour sans admiration de l'autre. Mais, ce face-à-face serait incomplet sans une troisième dimension : celle d’un religieux non dogmatique qui nous fait espérer un dialogue avec l'Autre.
Pour Barnes, passer de l'admiration à l'espoir, est un relais de transmission vers le spirituel. Il se solde par un échec évidemment. Ce que Lacan nous dit autrement : « Aimer, c'est donner quelque chose que je n'ai pas à quelqu'un qui n'en veut pas » ! À travers sa quarantaine d'ouvrages, Julian Barnes nous montre, tranquillement, que toute ouverture vers l'autre, même manquée, nous conduit à un au-delà des mots, vers quelque chose que l'on pourrait appeler « l’Inconnaissable ».