Contribution La Griffe Midi Pyrénées

Rubrique Coups de coeur.

Une histoire d’amour ratée et un moment d’Histoire manqué.

Intérêt général de l’ouvrage: ▲▲▲▲

Recommandation de lecture: ▲▲▲

Facilité de lecture: ▲▲▲▲

Rapport avec le rite: ▲▲

Julian Barnes livre dans ce roman, entre autres assauts et louanges, une critique du monothéisme, cause de nombreuses guerres et persécutions dans notre histoire et appelant à renoncer à la joie en ce monde pour avoir accès à un hypothétique au-delà. Il est soutenu, dans cette bataille par Julien II dit l’apostat.

Mais comment un amour contenu – et qui restera platonique – pour sa professeure, une mystérieuse enseignante de « culture et civilisation », Elizabeth Finch, vieille fille anglaise stoïque adepte d'Épictète, va-t-il amener Neil, le narrateur, bien malheureux dans sa vie sentimentale, à découvrir la vie et le destin chahutés de l'empereur romain le plus décrié par les Pères de l'Église ?

Vivant selon Épictète, Elizabeth Finch faisait sienne la conception du bonheur qui ne saurait être que le fruit de la liberté résultant de la prise en compte des seules choses qui dépendent de nous et par lesquelles nous agissons. Ainsi, elle ne se souciait que de ce qui était en son pouvoir, sourde aux allégations diffamatoires des réseaux sociaux.

Initié aux seuls charmes de l'esprit, notre narrateur sera, lors du décès soudain de la professeure, légataire de ses archives et c’est à cette occasion qu’il découvrira le personnage qui a profondément marqué Elizabeth Finch : l'empereur-philosophe Julien l'Apostat.

Né au 4ème siècle de notre ère et élevé dans la religion chrétienne, initié aux mystères d'Éleusis à Athènes, Julien voulait rétablir le polythéisme pour redonner "force et vigueur" à l'empire romain dont il pensait qu'il était affaibli par les interdits imposés au nom d’un Dieu unique, celui des Galiléens...

Mais il avait aussi pour dessein de rebâtir le Temple de Jérusalem pour faire mentir le Christ qui avait annoncé qu'il n'en resterait pas « pierre sur pierre » et selon lui, les chrétiens, sans le savoir, étaient eux-mêmes polythéistes… N'adoraient-ils pas trois dieux : le Père, le Fils et le St Esprit ?

Sa mort prématurée, à trente deux ans, sur un champ de bataille, bien réel celui-ci, l’empêcha de mener au terme ses projets, qui auraient, sans nul doute, risqué de changer l’ordre du monde !

La seule évocation de ce personnage hors-normes, auquel ne survécut aucune de ses thèses, suffirait à justifier mon enthousiasme pour cet essai, court, intellectuel, brillant et… dérangeant voire polémique, mais il s’y trouve bien d’autres pépites que je vous recommande fraternellement d’aller découvrir…

 

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