Jean Ferrat
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Coups de coeur.
La force de la France c'est l'esprit des Lumières, cette petite flamme au cœur du monde entier.
Intérêt général de l’ouvrage: ▲▲▲▲▲
Recommandation de lecture: ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture: ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite: ▲
Chanteur à la voix grave, mélodiste hors pair, ambassadeur populaire de la poésie d’Aragon, Jean Tenenbaum, dit Jean Ferrat, a été marqué dès son enfance par la déportation de son père à Auschwitz, d’où il ne reviendra pas. Lui-même fut sauvé in extremis par des militants communistes. Cet événement, qui le marqua à jamais, influença profondément sa vie. Après avoir arrêté ses études secondaires pour aider sa famille, il se tourne vers la vie d’artiste. En imposant une forme de lyrisme populaire, il accède progressivement à la consécration. Ardent défenseur des travailleurs, il chanta « Ma France », « Celle qui paie toujours vos crimes vos erreurs, en remplissant l'histoire et ses fosses communes », chanson pleine de vérité humaine, censurée de la radio et de la télévision dès sa sortie, car mettant en lumière tant les injustices de l’histoire que celles de la société. J’ai si souvent écouté et réécouté, dès mon adolescence, « Les Poètes », merveilleuse rencontre entre Jean Ferrat et Louis Aragon, alchimie parfaite entre la poésie et l’émotion. Et je reste particulièrement touché par « Nuit et brouillard », hommage personnel à la mémoire de « Jean-Pierre, Natacha ou Samuel » et à toutes les victimes de la déportation. Cet ouvrage, qui se lit comme un roman, ponctué de témoignages de proches, met en lumière la sensibilité de ce chanteur, sans entrer dans les détails de son intimité afin de respecter ce qu’il était, un homme plein de pudeur. Défenseur inlassable de la chanson française, il fut sans conteste l’un de ses derniers grands noms. Amoureux de la vie et combattant toutes les formes d’oppression, il a toujours su rester fidèle à ses convictions, dénonçant les mirages du progrès, du « Formica et du ciné ». Avec son hautbois mélancolique, « La Montagne » est restée comme l'une des premières manifestations de l'écologie en chanson, critique de la malbouffe à travers le « poulet aux hormones ». Humaniste jusqu’à la transparence, authentique et sincère, je retiens de Jean Ferrat un homme de talent, d’espoir et de conviction qui a su toucher mon âme avec chacune de ses chansons, tout en prouvant que le génie humain a, de temps à autre, son éternelle incarnation. Jean Ferrat, ce sont des mots justes, des poèmes exceptionnels et des mélodies ciselées d'une voix inoubliable aux accents sincères et qui jamais ne se démentira.