Dostoïevski
Contribution La Griffe Paris
Rubrique Coups de coeur.
Vous aimez la vie sereine, la tranquillité, la douceur de vivre, l’ataraxie alors passez votre chemin…
Intérêt général de l’ouvrage: ▲▲▲▲▲
Recommandation de lecture: ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture: ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite: ▲▲
Un auteur bien connu a écrit : la vie d’un homme ce sont deux dates : la naissance et la mort, entre les deux, rien. Peut-être. Mais comment expliquer l’engouement des lecteurs pour les biographies ! Elles sont tellement nombreuses qu’elles éclipsent parfois le nombre de romans publiés. Pourtant ce sont bien plus souvent des vies romancées, de véritables hagiographies reprenant tous les clichés et les doxas du moment. Eh oui il est tellement simple de retranscrire des récits parfois inexacts, des anecdotes « arrangées », des phrases et des bons mots inexistants. Sacrebleu rien de tout cela avec Henri Troyat, que l’on a un peu oublié, pas d’inventions farfelues pour plaire à Margot, des faits, des faits rien que des faits. Avec cette étude, déjà ancienne de Fédor Dostoïevski (1940, puis revue et corrigée), vous découvrirez la vie de cet immense auteur russe.
L’écrivain des « Pauvres Gens », de « l’Idiot », des » Frères Karamazov », des « Démons », des « Souvenirs de la maison des morts » et j’en passe.
C’est toujours un immense plaisir de lire Henri Troyat, d’un style simple, jamais ampoulé ni pédant. Il sait restituer des atmosphères, des caractères, sans en cacher les équivoques ou les mesquineries. Il nous entraîne dans la vie de Dostoïevski pas à pas comme dans ses œuvres qu’il présente avec une grande rigueur dans leur genèse, leur contexte psychologique, dramatique et familial.
Vous comprendrez grâce à l’érudition de notre académicien, l’âme slave, déchirée entre Dieu et Satan, entre culpabilité et pardon, l’alcoolisme et les coups de fouets à en mourir, l’échafaud, le bagne, les moujiks et les princes, le jeu à en perdre haleine, les babouchkas, la générosité sans limite, l’avarice destructrice, les usuriers, les assassinats et les repentirs, les serfs alcooliques, les juges et les militaires, la vie de province, la campagne, l’administration tsariste, la peur, la joie, l’amour quelquefois.
Vous suivrez la vie désordonnée, si brutale, si compliquée, frappée par l’épilepsie, la crainte, le courage, la difficile carrière de journaliste, d’écrivain, l’humanité aussi de Fédor Dostoïevski.
Avec Henri Troyat, la biographie devient une œuvre littéraire, le roman d’une vie vraie. Peu d’auteurs sont capables d’une telle évocation, peu d’ouvrages de cette nature possèdent un tel attrait. Comment quitter ce livre une fois ouvert ? Impossible sûrement. Addiction recommandée.