Les otages
Contribution La Griffe Poitou et Sevre
Rubrique Coups de coeur.
Le sous-titre de l’ouvrage décrit pourtant l’histoire coloniale dans sa réalité crue, au XIXème siècle.
Intérêt général de l’ouvrage: ▲▲▲▲
Recommandation de lecture: ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture: ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite: ▲
Journaliste franco-finlandaise ayant grandi au Sénégal, elle brosse à grands traits l’histoire de la colonisation de ces régions au XIXème siècle par la France, qu’elle reconstitue à partir de celle d’un sabre royal du trésor pillé lors de la chute de Ségou au Mali le 6 avril 1890 par les troupes franco-sénégalaises du colonel ARCHINARD.
Cette région d’Afrique était au XIX s. une pléiade de royaumes, associés ou se faisant la guerre, animistes contre musulmans ou chrétiens, participant de plein gré ou de force à la traite négrière, du Sénégal au Niger, au Mali, le Soudan français, Toucouleurs musulmans, contre Bambaras fétichistes.
Le colonel Archinard rapporte à Paris le trésor et, pour prisonnier avec lui, Abdoulaye, un des deux jeunes fils du sultan de Ségou, Ahmadou Tall qu’il confiera à des connaissances à Paris; il fera ses études à Saint Cyr mais meurt à l’âge de 20 ans.
L’autrice raconte ainsi le rapt des enfants des aristocrates et des rois, envoyés en France pour être complètement francisés et revenir dans leur pays des relais locaux de notre pays.
Le pillage du trésor de Ségou fait écho aujourd’hui à la demande croissante de restitution d’œuvres d’art par les états africains. Notre musée du Quai Branly héberge 90 000 pièces, dont 70 000 en provenance de l’Afrique.
Le discours du président Macron à Ouagadougou au Burkina en 2017 organise la coopération de la France avec les anciens états coloniaux de l’Afrique Occidentale Française, dont la restitution des œuvres d’art aux pays qui en font la demande. Ces œuvres, de connotation religieuse, comme la grande statue de «l’homme-requin», icône royale d’Abomey, et 25 autres pièces viennent d’être restituées au Bénin, ex-Dahomey.
Ce récit m’a touché: il évoque les terribles moments, primaires, de cette période de notre passé que l’on ne peut gommer, plus que celle d’objets pillés, celle des hommes. Faut-il en faire repentance? c’est à la mode mais je n’en suis pas sûr, tellement les fossés civilisationnels, étaient et sont toujours immenses.
Reconnaître, faire mémoire, oui, pour ne pas reproduire les erreurs du passé. Une utopie? Très certainement, mais indispensable pour avancer dans la maturation des consciences avec pour maître mot «respect de l’homme»