Contribution La Griffe Hypatie

Rubrique Coups de coeur.

Vivre vite : la vie au conditionnel.

Intérêt général de l’ouvrage: ▲▲▲▲▲

Recommandation de lecture: ▲▲▲▲▲

Facilité de lecture: ▲▲▲

Rapport avec le rite: ▲▲

Dans son roman publié chez Flammarion, prix Goncourt 2022, Brigitte Giraud revient sur les circonstances de la mort de son mari Claude, critique musical au Monde, tué à moto le 22 juin 1999 tout près de la maison lyonnaise où ils venaient d’emménager.

Deux décennies plus tard, la vente de cette même maison est le signe déclencheur d’une exploration du passé. Chacun des 22 chapitres débute par un « SI » et décrit avec minutie ces événements anodins du quotidien qui s’enchaînent jusqu’à l’inexorable mais qui auraient pu tout aussi bien ne jamais advenir.

Dans son poème « SI », Rudyard Kipling exaltait au conditionnel les vertus humanistes à l’intention de son fils qui devait mourir quelques mois plus tard à la guerre en 1915. Brigitte Giraud s’attache ici à la contingence et cette déambulation des mots face à la mort, place la mémoire devant l’inachevé et les regrets.

J’ai retrouvé dans ce livre une expérience douloureusement vécue : comment vivre avec la culpabilité de ce qui aurait pu être évité, comment « rendre les armes », accepter de laisser filer sans les perdre ses souvenirs ? Suffit-il de quitter une maison, de figer ses souvenirs sur du papier pour faire son deuil ?  Et au-delà : quelle est la part du déterminisme dans nos existences ? Regretter le passé est-il une démarche maçonnique ?

Dans ce roman construit comme un thriller l’auteur finit par conclure : : « il n’y a rien à comprendre, chacun joue son rôle… Il n’y a pas de si. »

Et pourtant…

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