LA ROTISSERIE DE LA REINE PEDAUQUE
Contribution La Griffe Parisienne
Rubrique Coups de coeur
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲△△
Facilité de lecture ▲▲▲▲△
Rapport avec le rite ▲▲△△△
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Jérôme Coignard sans jamais avoir oser le demander…eh bien c’est chose faite avec cette rôtisserie.
Les cornues, les sylphes, les mandragores , les salamandres, les succubes l’hermétisme, la Kabbale, la Table d’Emeraude, l’alchimie et l’athanor ne seront plus un secret pour vous.
Plus encore, vous aborderez, sans difficulté, tous les grands philosophes de l’antiquité, évoluerez avec Plotin, avec les gnostiques, sans oublier Jean Chrysostome, Grégoire Palamas, Zozime le Panopolitain, Bossuet, Boèce et les saints et saintes du calendrier, connaitrez tous les noms des dieux et même les autres, j’en oublie… bref avec ce petit livre de 24 0 pages vous serez un lettré, vous brillerez dans les salons et dans vos loges, votre compagnie sera très recherchée.
Alors vous hésitez encore.
L’auteur de cet ouvrage est désormais bien oublié. Et pourtant !
Prix Nobel de littérature, dreyfusard, un poil laïc, féministe en diable, progressiste, anti-raciste, anticolonialiste, littérateur engagé, faux dilettante, journaliste à ses heures, bref il coche toutes les cases !
Un vrai bonheur d’humour, de finesse, une écriture riche et ciselée, de l’esprit à revendre.
Rien n’étant parfait en ce bas monde, certains, des esprits chagrins nul doute, trouverons que parfois Anatole France, mais oui c’est lui, s’égare un peu, qu’il en rajoute dans ses digressions parfois redondantes, qu’il fait par trop étalage de ses immenses connaissances, mais que de pirouettes, de drôleries parfois polissonnes, jamais de grossièretés néanmoins, nous sommes entre gens de bonne compagnie.
Quelques passages , au hasard de la lecture :
« Telle est la condition des hommes livrés à eux-mêmes, ils errent pitoyablement. Nous sommes abusés par de vaines images ; nous poursuivons des songes et nous embrassons des ombres…
Hélas ! me dit l’abbé Coignard, je commence à regretter la rôtisserie de votre père, où nous mangions de bons morceaux en expliquant Quintilien »
Comparez s’il vous plaît cette bibliothèque (…) aux caresses que l’on fait aux filles sous la tonnelle et dites- moi mon fils, de quel côté se trouve le véritable contentement.
Les infidélités des femmes ne gâtent point leur visage. La nature qui se plaît à les orner, est indifférente à leurs fautes. Imitez la, monsieur le gentilhomme et pardonnez à Catherine »
Et pour finir avec l’épitaphe sur la tombe du bon abbé Coignard :
« Plus attentif au salut de son âme
Qu’à la vaine et trompeuse opinion des hommes,
C’est en vivant sans honneur
En ce monde,
Qu’il s’achemina vers la gloire éternelle ».