Voyage avec Charley - John Steinbeck COUV.jpg

Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique Coups de coeur

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite ▲▲△△△

Charley est le caniche géant de Steinbeck, qui se demande, Steinbeck, si on peut écrire aujourd’hui de mémoire sur ce que l’on a bien connu, ou peu, ou pas. Il faut donc aller et voir pour (se) rendre compte. C’est une honnêteté et davantage, un devoir de vérité.

Ce que l’on a cru vrai l’est-il encore, et pour toujours ?
Alors John et Charley planifient un grand tour (Sinistrorsum) des USA.
Départ donc en septembre 1960 pour deux mois et demi et 12000 miles d’itinérance. Un itinéraire planifié au cordeau, en commençant par son camion aménagé, fusils de chasse, carabine, cannes à pêche à tout, treuil, levier, pelles, provisions à fusion, machine à écrire, encyclopédie complète, 150 bouquins, cartes routières « tyranniques » ; bref 4 fois trop de tout.
Le récit suit la trame du voyage (qui n’est qu’un prétexte). John nous ouvre, en relatant très simplement ses multiples micro-aventures, si banales et quotidiennes, à une découverte : Celle d’un monde qui a beaucoup changé.

 « Voyage avec Charley » est donc le constat d’une dépossession. A l’image de son camping-car qui s’allège assez rapidement pour ne conserver que l’essentiel : les conversations de rien, les paysages, la contemplation.

Tout cela relaté avec une intelligence aigüe et d’autant plus de tendresse que le constat est amer. Solitude des hommes, superficialité et âpreté de la vie. Le peu d’essentiel se perd, mangé par le consumérisme, le tape à l’œil, le bruit qui meuble… en un mot l’obligatoire modernité.

Résumons : l’œuf en poudre opposé au verre de whisky partagé.
Le récit n’est pas nostalgique (Steinbeck brille d’intelligence, de lucidité et d’humour), mais il s’en dégage pernicieusement une tristesse, un désarroi. Non le regret du bon vieux temps mais celui des qualités perdues.La confiance, l’avenir serein, la gentillesse, le silence, la simplicité, le partage, la tolérance… ce qui construit l’homme et non le généralise. Un peu vieux jeu tout cela ? Et bien pas trop. Écrit il y a plus de 60 ans, ça tient bien la corde.

A nous de la trancher et partir, pour revenir léger, ayant rendu les siens (et soi-même donc) meilleurs.

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