LA METAMORPHOSE DES CLOPORTES

Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique Coups de cœur.

J’étais à l’heure, c’est-à-dire en avance 

Intérêt général de l’ouvrage: ▲▲▲▲▲

Recommandation de lecture: ▲▲▲▲

Facilité de lecture: ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite: 0

J’étais crevé. Marre des BD et pas envie de me prendre le chou avec un dernier paru genre « prenez conscience de votre conscience tout en cuisinant ».

Suis tombé sur « la métamorphose des cloportes » exactement ce qu’il me fallait. Encore une preuve de l’existence de Dieu.

Boudard parle à la première personne, s’égare dans les flache-baques pour mieux nous faire partager sa compréhensive obsession : retrouver les compères ingrats qui se sont goinfrés avec le magot, alors que lui seul a tringlé trois ans au mitard. Car libre, on a encore des barreaux devant les yeux, et pour les effacer, il faut que chacun crache au bassinet. Réglo.

Peu importe l’histoire, la délectation est dans le langage parlé, le rythme mitraillé des phrases et le vocabulaire spécifique des monte-en-l’air. Ajoutez à cela une bonne dose d’autodérision (elle fait vivre) et vous ne pourrez qu’être… complice. On est toujours du côté de la roublardise, c’est humain.

Ce bouquin de soixante-deux ans est encore tant d’actualité. Dans quel monde vit-on ?... Ben le même : télévise, machines partout, meubles « tubes et plastique », art abstrait si « objectal », la saint Valentin en plat surgelé (ça, c’est en 2023), des couleurs sur tout et une musique omniprésente qui saccage le silence…

Mais pas d’embrouille : Derrière cette littérature à la Pieds-Nickelés se cache le roman truculent, désabusé et drôle, d’un révolté, qui de plus écrit bien, donc partageur. Écrire en argot, pas facile, du boulot d’académicien…

La métamorphose des cloportes, c’est bottant quand on sait que le cloporte, c’est nous. Alors on rit moins… ou davantage.

Parviendrons-nous à recoller les morceaux ?

Bref lexique, au cas où :

Le rebiffe = la vengeance

Le trèpe = la foule

Être de jugulaire = sortir sa gagneuse

Une gagneuse = je vous laisse deviner

Les cadènes = les menottes

Ne pas dérouiller = panne de clients (concerne les poupées sur le ruban)

Le badoc = le chapeau

Le pilon = le mendiant

L’artiche = l’oseille

La fade = la part

Le pégale = le mont de piété

Un lardu = un policier

L’emplâtre = le vol à l’étalage… 

Alors conquis ? Merci qui ?

La Griffe Lorraine

 

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