ARISTOTE, SUR LA JUSTICE
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Coups de cœur.
Un opuscule qui permet de bien comprendre la conception de la Justice
Intérêt général de l’ouvrage: ▲▲▲▲
Recommandation de lecture: ▲▲▲▲
Facilité de lecture: ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite: ▲▲▲
Bien qu’élève de Platon, Aristote a développé une philosophie très éloignée de celle de son professeur. Il s’est attaché à comprendre le réel et le manifesté et à en théoriser le fondement. C’est, par exemple, l’entéléchie qui théorise le passage chez l’être de ce qui doit se réaliser à ce qui se réalise. Dieu serait la première des entéléchies. Il soutenait que pour connaître la vérité, il faut connaître la cause. Dieu, acte pur, est le Premier moteur immobile et indivisible.
Ce petit ouvrage traite de la Justice. Il commente le livre V de l’Ethique à Nicomaque qui est un traité de morale. La pensée qui s’y trouve est à la fois une méditation et un enseignement. Elle s’inscrit dans une perspective politique car la Justice est une vertu qui porte sur les rapports entre les hommes et relève donc de la politique.
Aristote voit la Justice non comme un art, ni un idéal théorique mais comme une vertu morale relevant d’une quasi science pratique et contingente qui s’adapte aux multiples cas d’espèce. Elle se situe au-dessus des autres en raison de son importance pour la vie en commun.
Aristote distingue plusieurs formes de justice, une justice générale qui correspond au respect des lois et une justice particulière dont le principe est le respect de l’égalité sous toutes ses formes. Pour lui la forme la plus parfaite est l’équité qui allie bienveillance et morale. Au sein de la justice particulière, il dissocie justice distributive et justice correctrice. Dans la première, on répartit un bien en fonction de la valeur des personnes ce qui est une justice proportionnelle et dans l’autre, on rétablit une certaine égalité qui a été rompue par un acte injuste ce qui est une égalité arithmétique.
Pour Aristote, le droit est un art juridique qui concerne la justice particulière. Il n’envisage pas un droit et une justice naturelle englobant des droits attachés à toute personne humaine. Il convient de remarquer que l’esclavage était en vigueur.
Cet opuscule se lit très facilement, il montre que la morale était déjà poussée très loin. Il analyse de façon détaillée des situations pratiques de justice distributive et de justice corrective.
L’approche aristotélicienne ne fait pas de lien entre le Principe divin et la Justice à dispenser dans ce monde. C’est là la grande différence avec Platon !
Je pense que la lecture de ce petit ouvrage est néanmoins très utile.