LES YEUX DE MONA
Contribution La GriffeParis
Rubrique Coups de coeur
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲▲△
Rapport avec le rite ▲▲▲△△
Ce livre est un bijou atypique qui, à partir d’une histoire simple qui aurait pu être tragique est l’occasion d’une visite transversale de l’histoire de la peinture. L’auteur est totalement inconnu. Son éditeur, Albin-Michel s’est payé le luxe d’une trentaine de traductions car le livre a connu un succès mondial avant même sa sortie en France. Il est d’ailleurs difficile à trouver en librairie tant son succès et vif.
Mona (évidemment) est une petite fille de dix ans d’un père brocanteur alcoolique et d’une mère investie dans des activités sociales. Tout à coup, Mona perd la vue : une seule couleur subsiste : le noir.
On procède à des examens médicaux, sans aucune explication physiologique. La Faculté, soupçonnant une cause psychosomatique, recommande de faire appel à un pédopsychiatre. Heureusement, le grand-père de Mona en connaît un excellent, mais pose une condition aux parents : respecter l’anonymat du praticien. En réalité, le grand-père, expert en peinture veut que Monia, avant de perdre la vue, garde un souvenir des couleurs et des plus grandes beautés artistiques produites par l’homme.
Les voilà donc partis pour la tournée des grands musées parisiens où Mona est peu à peu initiée et apprend à regarder et à voir « au-delà ». Une seule règle, observer en silence pendant un quart d’heure avant tout commentaire. Nous traversons ainsi l’histoire de la peinture, via des œuvres emblématiques ou d’autres moins connues.
Chaque composition est située historiquement, dans sa technique picturale, et où les dimensions esthétiques comme spirituelles, apparaissent peu à peu à Mona qui se révèle avoir l’œil absolu. Partant de Botticelli, Léonard de Vinci, Titien, Michel-Ange, nous arrivons après bien des œuvres célèbres ou moins jusqu’à Hartung, Jean-Michel, Basquiat, en passant par Marcel Duchamp, Pollock Kandinsky et Nicky de Saint-Phalle. Je ne dévoilerai pas la fin du livre.
Si l’on veut ajouter un « ton de la griffe », ce qui n’est pas facile tant cet ouvrage est fascinant, c’est peut-être sa longueur 477 pages tout de même, sans compter une couverture très originale qui se déplie en double page et présente chaque œuvre citée, ce qui est utile mais oblige à s’y reporter à chaque halte de Mona, agrémentée des commentaires fort judicieux du grand-père.
Évidemment, l’auteur est historien de l’art. Un livre passionnant : c’est une histoire symbolique de la beauté.