DU HÉROS À LA VICTIME : LA MÉTAMORPHOSE CONTEMPORAINE DU SACRÉ
Contribution La Griffe Paris
Rubrique Coups de coeur
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite ▲▲▲▲△
Surtout ne confiez pas vos clés à un bricoleur il serait capable de vous transformer votre maison du sol au grenier pendant votre absence !
Il en va aussi des agrégés et chercheurs au CNRS : ils trouvent une idée, nouvelle et passionnante, et ils vous en écrivent 300 pages !
C’est ainsi que François Azouvi part de l’évolution du concept de héros, qui connait, malheureusement son apogée en 14/18, pour démontrer avec de très nombreuses citations d’écrivains, de journalistes et médias divers, que désormais la notion de victime s’est substituée à la qualification de héros.
Cette situation est d’une évidence absolue avec la plaque du jardin qui porte le nom d’Arnaud Beltrame :
« Assassiné lors de l’attentat terroriste du 23 mars 2013 à Trèbes, victime de son héroïsme »
Curieuse formulation : héros ne suffirait pas, il faudrait désormais lui adjoindre le mot victime.
Notre auteur va démontrer ce retrait du religieux : le héros, au profit d’une nouvelle sacralisation : la victime. Avec au maximum de la question : et si des victimes l’étaient plus que d’autres… ?
Pour l’auteur cette nouvelle conception institutionnelle résulte des mutations sociétales contemporaines.
François Azouvi n’affirme pas il prouve références à l’appui.
Nous avons affaire à un ouvrage assez exceptionnel, qui ne se lit pas d’un trait, tant les exemples à l’appui de sa démonstration abondent, mais qui passionne de plus en plus au fur et à mesure que l’on est convaincu par la pertinence et le sérieux de ses analyses.
Son livre est en même temps un exemple des approches d’aujourd’hui où les mots ayant perdu de leur sens il faut sans cesse les renouveler par des substituts. Substituts qui, de fait, manifestent l’acculturation de nos sociétés et le refus de définir ce qui est (on entend partout maintenant le verbe « kiffer » !!!).
Certains mots remplaceront donc les perspectives perdues.
Comme l’écrit notre directeur de recherches en page 227 :
« Ce qui est sûr, c’est que le régime héroïque d’exemplarité ne reviendra pas, lié qu’il était à des valeurs qui ont sombré ».
Ne négligeons pas non plus les effets de mode qui poussent nos « élites » à utiliser, trop souvent à tort et à travers, des expressions les unes pour les autres. Mais en sont-elles conscientes ?