CONNEMARA
Contribution La Griffe Loraine
Rubrique Coups de coeur
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△
Facilité de lecture ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite △△△△△
Je viens de refermer Connemara, et j’ai un peu le spleen, une tendresse et un petit air qui chatouille. Comme dans le film de Truffaut quand Charles Denner se penche sur une fillette lui demandant : « Tu pleures, mais au fond, tu n’as pas un petit plaisir, un tout petit plaisir ? » La vie passe et au fond, n’en reste-t-il pas un tout petit plaisir ?
Ces personnages, ces situations, on en a été (pas tout bien sûr). Ce temps qui file, poussé par des forces contraires, ni tout à fait coupables, ni tout à fait innocentes, ce fût et c’est le nôtre.
Il s’agit bien de nous et des petits pièges qui se referment : la maison d’Architecte, les courses à l’épicerie fine, les amis, la carrière de management-woman qui consiste « à ranger des pièces vides » pour un prix exorbitant pour l’une. Le F4 pavillonesque, la virée au Aldi, les copains et le boulot, travailler plus pour gagner moins, pour l’autre.
On se dit « les cons ! » parce que tout échappe aussi bien aux uns qu’aux autres, et, bien sûr que pour nous ce n’est pas pareil… Et pourtant si. Par glissement, par déteinte et souvent par lucidité, les bons moments, les vrais, petit à petit émergent : Complicité, petits arrangements et grosse déconnade.
« l’amour, c’est peut-être comme le reste, un moment dans la vie », comme le boulot quel qu’il soit, le cul, les dimanches, le hockey, les vieux qui débloquent , Golbey ou Nancy…
L’écriture est superbe, l’analyse fine et drôle, et ce n’est pas parce qu’on est hameçonné que l’on est pour autant sorti du jus.
L’erreur serait d’en sortir désabusé. Non, la vie, par petits bonds, est une respiration, saccadée certes, oppressante ou orgasmique, mais ça vaut le coup d’essayer et ainsi de vivre. Et ça, ç’est pas rien.
Ah oui ! Connemara, c’est bien sûr la rengaine populaire de Sardou « ta tata tata tatatatam… » ; c’est aussi le chant de HEC en fin de fête…ou comment faire tenir un bouquin en un titre.