Contribution La Griffe POITOU SEVRE

Rubrique Coups de coeur

Recommandation de lecture ▲▲▲▲▲

Intérêt général ▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲▲▲

Rapport avec le rite ▲

 L’écriture de Julien Gracq d’une très grande finesse déroule un magnifique récit sur l’attente et la « simplicité du regard » sur la vie face à la réalité de la guerre.

L’essentiel de ce récit, que je ne veux pas appeler roman, réside dans la description du décalage entre une guerre, l’invasion de la France par l’Allemagne, si réelle et seulement ici suggérée, « le bruit des ponts sur la Meuse qui sautent » et celle d’une nature forestière alanguie dans le soleil printanier. 

C’est une peinture de l’attente qui parait improbable, un peu comme dans le roman de Dino Buzzati « le K », d’un petit groupe de quatre soldats, veilleurs dans un blockhaus, poétiquement nommé « la maison forte des Hautes Falizes », construit en pleine forêt « pour interdire aux blindés l’accès des pénétrantes de l’Ardenne belge vers la Meuse ». Son intérêt stratégique est semble-t-il vraiment très relatif, perdu dans une nature foisonnante admirablement et poétiquement décrite. La guerre parait ici improbable, lointaine et suggérée, et pourtant suscite un fond d’inquiétude diffuse quand des bruits étranges perturbent la forêt. C’est le récit d’hommes engagés mais qui ne veulent pas croire au but de cet engagement et que cueille pourtant un obus imbécile et soudain.

J’ai infiniment aimé ces pages, dont chaque phrase est ciselée, évoquant en quelques mots, bruits, couleurs, ombres et lumières de la nature et l’épaisseur de l’humain. Il y a un écart entre la réalité de ces hommes et l’irréalité sournoise de la guerre. Le héros est un anti-héros, un lieutenant qui échappe à la mort par hasard et s’endort comme dans un des rituels de notre cheminement.

 

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