OBJECTIF : PÔLE NORD DE NUIT
Contribution La Griffe Hypatie
Rubrique Coups de coeur
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△
Facilité de lecture ▲▲▲▲△
Rapport avec le rite △△△△△
L’aventurier sud-africain passe sa vie à relever des défis déraisonnables. Il a connu des températures de – 6O degrés Celsius, a eu les poumons, les doigts gelés… Ce n’est pas le gain qui le pousse. Sa femme, puis ses filles passent leurs vies à lui chercher des sponsors et il recommence !
Quoi de plus inutile que de parcourir à pied, mille kilomètres sur la banquise, dans la nuit polaire, sans assistance et la seule compagnie d’un ami, aussi insensé que lui. Partir de Sibérie pour rejoindre le pôle dans le noir, tirant à dos d’homme un traineau avec des vivres et quelques outils, est bien la plus saugrenue des idées. Un jour, ils ont marché dix kilomètres, mais la banquise a reculé de quinze. Tout est à refaire et la fatigue s’installe. Comment garder la motivation, comment résister physiquement et moralement ? La beauté du paysage ? Ils ne voient que le rayon de lumière de leurs lampes frontales au lithium. La banquise est un monstre qui peut les absorber à tout moment. Qui dresse des murs de glace devant eux. L’auteur avait déjà tenté cette expédition en solo, mais avait dû faire demi-tour. Pourquoi y retourne-t-il ?
Il a écrit dans un autre de ses livres : « Je n’ai trouvé le courage de surmonter certaines épreuves que parce que j’ignorais les souffrances qu’elles représenteraient ». N’est-ce pas la définition de la vie humaine ? Ses défis ne sont-ils pas identiques à ceux que l’être humain prends chaque jour, même dans des conditions moins hostiles ? Nos choix, la manière dont nous surmontons nos épreuves, font notre grandeur. L’Homme est-il né pour être raisonnable ? Nous nous sentons parfois aussi seul que l’auteur dans l’immensité arctique. Combien de comportements insensés avons-nous dans notre vie, ce terrain inconnu depuis le jour de notre naissance. Nous choisissons parfois d’avoir des comportements incertains et gratuits pour des moments de bonheur éphémères mais indispensables.
Pourquoi l’Homme mène-t-il parfois des combats qui semblent perdus ? Pourquoi aime-t-il parfois sans retour ? Parce que ce qui échappe à notre conscience nous permet de reculer les limites que nous nous imposons trop souvent et permet d’appréhender la condition humaine dont parlait Malraux. Tout comme les peintres ou les sculpteurs qui créent des œuvres sans espoir de fortune, Mike Horn est un artiste de la vie