LETTRES A UN AMI ALLEMAND
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Coups de cœur.
Quatre-vingt-deux pages dans un petit format. C'est tout, mais toute la philosophie de Camus, pour notre plus grand bonheur.
Intérêt général de l’ouvrage: ▲▲▲▲▲
Recommandation de lecture: ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture: ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite:▲
Ce petit livre est composé de quatre lettres. La première parut en 1943 dans la Revue Libre, la seconde en 1944 dans les Cahiers de la Libération, la troisième un an plus tard dans Libertés, et la dernière, inédite. L'édition de 1947 comporte une préface à l'édition italienne. Ces précisions sont indispensables, car elles situent ces lettres dans le contexte de la seconde guerre mondiale, écrites, si je puis dire, dans le feu de l'action et résument les oppositions entre liberté et asservissement, entre violence et résistance, espoir et résignation. Mais bien plus encore, elles s'adressent au nazisme comme aux résistants. La notion de grandeur d'un pays sous la botte et l'illusion de grandeur par le fer. On ne peut aimer son pays qu'en faisant vivre la Justice. C'est une joute entre un allemand inconnu, fictif, et un juste animé par la foi en l'homme. Qu'est-ce que le courage ? Où se situe la violence ? La Vérité doit soumettre la raison affirme Camus. Ainsi ceux qui connaissent leurs faiblesses sont les témoins de la Justice, tandis que ceux qui les ignorent n'accèdent qu'au mensonge. Chaque chapitre de chacune des lettres pourrait aisément faire le sujet d'un morceau d'architecture. Et Camus de questionner : Qu'est-ce-que l’esprit ? Enfin je livre à notre réflexion commune ces lignes admirables tirées de la seconde lettre :
« Nous y avons appris que contrairement à ce que nous pensions parfois, l'esprit ne peut rien contre l'épée, mais que l'esprit uni à l'épée est le vainqueur éternel de l'épée tirée pour elle-même. Voilà pourquoi nous avons maintenant accepté l'épée, après s'être assuré que l'esprit était avec nous. »