SUBLIMES PAROLES ET IDIOTIES
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Hors-Normes
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲△△
Facilité de lecture ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite ▲△△△△
Nasr Eddin Hodja (il existe de nombreuses façons d’orthographier son nom) est un personnage légendaire du monde arabo-musulman.
Son œuvre se présente sous la forme de petites historiettes, tantôt provocantes, tantôt moralisatrices, quelquefois choquantes et rarement à son avantage éthiques.
On trouvera dans ces textes de nombreuses évocations d’idées ou de notions qui sont devenus des proverbes, des blagues, des histoires folkloriques dont on ignore la source et dont la transmission souvent orale pimente les différentes versions d’une même histoire.
A lire d’une traite ou à picorer avec délectation, tant l’humour et les provocations envers Dieu et les humains nous racontent que les esprits se sont bien trop largement obscurcis sur l’Orient et que le nihilisme occidental ne fait guère mieux.
Nasr Eddin Hodja peut aussi bien être un fou qu’un théologien, un escroc ou un violeur de chèvre, aucune importance, son génie c’est l’idiotie apparente. Et c’est là tout le ravissement de ces fables seul le « bon mot » spirituel semble l’emporter sur toute « Raison », sur toute « Morale », sur toutes les « passions tristes », par l’humour, le surréalisme, la mauvaise foi, tout est bon pour avoir le dernier mot.
Chevalier enturbanné et à dos d’âne, Nasr Eddin Hodja est présenté magistralement et avec beaucoup de finesse par Jean-Louis Maunoury. Ce dernier présente cette parodie de « mystique » comme un éclairage en creux et un double de l’œuvre du poète mystique Rûmi, son duplicata comique et accessible au plus grand nombre.
Un exemple très court et concret : Nasr Eddin trouve par terre un morceau de miroir. Il le ramasse, s’y regarde et s’y trouve laid. Il le lance alors violemment au loin en lui criant : « Hors de ma vue ! Je comprends, à présent, qu’on t’ait jeté ! ».