IMPOSTURES ET PSEUDO-SCIENCES
Contribution La Griffe Parisienne
Rubrique Hors-Normes
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲△△
Facilité de lecture ▲▲▲△△
Rapport avec le rite ▲▲△△△
Euripide, fin connaisseur de la nature humaine, fait dire à Iphigénie : « Si la querelle nait entre deux frères, la lutte entre eux est bien plus âpre qu’entre deux étrangers ».
Bien évidemment c’est du théâtre, donc une œuvre imaginaire… Toute ressemblance avec des situations réelles et/ou actuelles serait pure coïncidence… notamment dans le cadre que prônent certains d’une forme de concorde universelle.
En revanche, la confraternité (entre philosophes, sociologues, scientifiques et autres « experts » de tous poils tous persuadés de détenir la vérité révélée à eux seuls) n’est point avare de querelles. Avoir tort avec Sartre ou raison avec Aron ? Avoir toujours raison comme le propose notre ami Arthur (Schopenhauer) est devenu un art.
Dans ma candeur naïve je pensais que l’histoire, notamment celle traitant des religions, pouvait être un ilot de possible concorde même si Napoléon nous rappelle que « L’Histoire est une suite de mensonges sur lesquels on s’est mis d’accord ».
Se mettre d’accord. Que nenni ! Il existe des maitres en iconoclastie ! Daniel Dubuisson est l’un deux et a pondu une œuvre de destruction massive au travers des 200 pages de sa critique de l’œuvre de Mircea Eliade accusé tour à tour de mysticisme primaire, de falsification, de mensonge, d’imposture, de plagiat, pour ne citer que les plus aimables de ses formulations, le passé fascisant d’Eliade restant, selon lui, le vecteur sous-jacent de la quasi-totalité de son œuvre.
Nonobstant les nombreuses références et analyses de Dubuisson que l’incurie du scripteur de la présente ne met au demeurant nullement en doute, la lecture de cet ouvrage me laisse un peu désorienté, un peu comme un enfant à qui l’on a cassé son jouet.
J’entends par là qu’Eliade, au travers, par exemple, de son traité d’Histoire des Religions, de ses volumes abordant l’Histoire des Croyances et des Idées Religieuses, de celui sur le Sacré et le profane, m’a donné un éclairage sur certains mystères liés au sacré, m’a ouvert à certaines interprétations symboliques, m’a permis d’aiguiser en partie mon discernement, tout simplement m’a appris des choses que j’ignorais, sans pour autant en faire un maître à penser. Reste en suspens la question de la possible ou impossible dichotomie entre l’homme et l’œuvre que seul l’intime peut trancher.
Dubuisson, en fait, reproche à Eliade de n’avoir point été un à proprement parler un Historien considérant que les convictions métaphysiques sont une « intolérable excroissance au sein de l’Histoire des Religions ».
Alors, cassé Eliade ? Avec un peu de colle et du papier, je préfère rêver avec Eliade que de spéculer avec Dubuisson.