LE PROBLÈME SPINOZA

5148NmCZPlL._SX342_SY445_QL70_ML2_.jpg

Contribution La Griffe Touraine

Rubrique Hors-Normes

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△

Facilité de lecture ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite ▲▲▲△△

L'idée de faire cohabiter dans un même roman Baruch Spinoza, le philosophe du XVIIème siècle, et Alfred Rosenberg, l’idéologue du nazisme, est pour le moins surprenante. Deux essais, le premier complexe, le second monstrueux, ont servi de base à cette œuvre romanesque. Irvin Yalom a trouvé tour à tour dans l’Éthique de Spinoza et dans le Mythe du XXème siècle de Rosenberg le terreau de ce roman qui restitue alternativement d’un chapitre à l’autre la pensée du philosophe juif et celle du germano-balte nazie.

Une partie lumineuse et une partie ténébreuse.

La partie lumineuse nous propulse au cœur de la pensée de ce grand philosophe, rationaliste par excellence, qui croyait en une religion universelle de la raison dans laquelle « Dieu est la nature ». Par nature, Spinoza fait référence à ce qui est infini, unifié, parfait, rationnel et logique. Ce mot recouvre pour le philosophe le nécessaire absolu, l’unité parfaite. C’est la cause immanente de toute chose ; et pour lui tout ce qui existe, sans exception, se conforme aux lois de la nature.

Parallèlement, on découvre la partie ténébreuse, au travers un d’« Reichleiter » Rosenberg passionné pour les thèses de Houston Chamberlain sur la prétendue supériorité de la race aryenne, mais totalement déboussolé à l’idée qu’un petit juif ait pu être porté au pinacle par le grand Goethe, la fierté du peuple allemand, qu’il admire par-dessus tout, Hitler excepté.

Les ruptures occasionnées par le texte sur Rosenberg sont l'occasion de s'interroger sur la nature du mal, sur son inéluctabilité. Quelque chose ou quelqu'un aurait-il pu empêcher cet homme de devenir un des plus grands criminels de l’histoire ?

Cette construction en deux volets est très réussie et les liens entre les deux récits très efficaces. La vie et la pensée de Spinoza nourrissent le livre ; et même si l’auteur simplifie cette pensée complexe, il nous incite à pousser plus avant le sujet. Le problème Spinoza est un livre qui interpelle tout en suggérant plusieurs pistes sur le concept de Dieu, sur la nature du bien et du mal comme sur les notions de bonheur et de raison. 

Précédent
Précédent

LA CLARTÉ NOTRE-DAME

Suivant
Suivant

SAPIENS