ANTHOLOGIE DE L’HUMOUR NOIR
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Hors-Normes
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲△△
Facilité de lecture ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite ▲△△△△
Ce livre est l’une de mes premières lectures d’adolescent, période rebelle, période de test pour l’élasticité cérébrale et la connaissance des limites.
Je n’ai jamais eu trop d’admiration pour André Breton et ça ne s’arrange pas avec les années, mais laissons-lui les mérites qui lui reviennent et notamment le courage (ou l’inconscience) d’avoir voulu publier ce livre en 1940, il fut bien sûr interdit par Vichy.
Mais pourquoi diable ce livre fut interdit ? Je pense que c’est sûrement plus à cause du nom des différents auteurs présentés que du véritable contenu. En effet, loin d’être une anthologie exhaustive, il s’agit ici d’un choix de textes d’une quarantaine d’auteurs, écrivains, poètes, philosophes ou artistes (Picasso, Nietzsche, Rimbaud, Duchamp, Jarry, Huysmans …), mais si ces textes utilisent l’humour, rien n’est véritablement « choquant ». Seul peut-être le plus grand (à mon avis), Jonathan Swift dont l’humour noir et son écriture à multiples degrés en font un génie.
Le choix des textes est plutôt judicieux car il permet de s’imprégner de l’atmosphère d’un auteur en quelques pages. Impossible de garder son sérieux avec cette lecture qui débouchera (j’en suis sûr) sur d’autres lectures, inévitablement. De mon côté c’est à la suite de cet ouvrage que j’ai lu et découvert Swift, Fourier, Villiers de l’Isle-Adam, Ducasse, Lacenaire… et que j’ai commencé à détester Sade dont je ne comprends toujours pas pourquoi ce monstrueux salopard est présent dans un recueil d’humour.
Ce n’est pas la lecture la plus marrante et la plus noire que vous ferez, mais la poésie d’un Prévert, au côté de Baudelaire qui avait traduit Edgar Allan Poe, présent lui aussi, et qui fut une découverte considérable pour moi, sera une source de richesse issue d’un petit souffle de liberté et d’insouciance qui régnait à une époque pas si lointaine.