VOYAGE EN ETHIOPIE

Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique Hors-Normes

La création d’un « empire blanc » dans un pays noir »

Recommandation de lecture: ▲▲

Intérêt général de l’ouvrage:▲▲

Facilité de lecture:▲▲▲

Rapport avec le rite: 0

Je le pressens, je vais me faire taper sur les griffes. Quoi ? Vraiment, ne pas finir la lecture d’un bouquin ? Et du grand Malaparte ! Ben oui … pour me faire pardonner je précise avoir apprécié Kaput et La Peau, comme on peut apprécier par exemple Céline, pour les qualités d’écriture, et la mise en mouvement d’un monde.C’est ce que j’attendais … comme quoi ! Voyage en Éthiopie est illisible et ce tout d’abord pour une raison technique : Le texte est truffé de noms de patelins (sans carte) et de mots éthiopiens, ça hache quelque peu la lecture et coupe les ailes aux grandes envolées. Mais passons, ce ne serait rien sans, ensuite, un malaise sous-jacent car « Voyage en Éthiopie » est le livre du rachat, donc de la trahison. Écrit en 1938 / 1939, alors que Malaparte n’est plus en cour auprès des dirigeants de l’Italie fasciste. Comment regagner l’estime de ce régime, si ce n’est par un travail de propagande (il ne sera pas le seul), en se rendant sur place, « rattraper le temps perdu, être au centre de l’attention », et surtout rentrer en grâce en faisant allégeance au régime, en valorisant la valeur civilisatrice de celui-ci. Ainsi de courts articles destinés au rédac-chef Borelli (dont est ici jointe leur correspondance) seront envoyés au Corriere della Sera. Vous l’aurez compris : Malaparte, sciemment, se fourvoie. Le message est plutôt ambigu et merci à l’excellente préface de la traductrice qui précise cette ambiguïté courant le plus souvent trop grossièrement dans ces pages. Malaparte est trop intelligent pour ne pas savoir en rajouter encore une couche. Trahison de ses idées (peu ou prou) trahison de son talent… C’est beaucoup et la lecture devient alors longue, non-empathique, bref étouffante, car gonflée et enjôleuse à l’excès. Non vraiment ! Qui pourra me démentir sur la moitié restante du bouquin ?