LE CHEMIN DE LA GARENNE

Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique Hors-Normes

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲△△

Facilité de lecture ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite ▲▲▲△△

Michel Onfray quitte son déguisement de polémiste pour cheminer sur un sentier de son enfance. Certains diront que ce n’est que nostalgie et ode du « c’était mieux avant ». Je ne crois pas, car il décrit ce qui était positif, mais aussi tous les aspects négatifs d’une époque. Comme à son habitude, Onfray ne fait aucune concession sur le réel.

Je connaissais déjà par d’autres sources l’enfance du philosophe, il prend ici le parti de cheminer dans une prose très bien écrite, poétique et quelquefois même, il flirte au-delà de son athéisme matérialiste, lorsqu’il dit que les fruits parfument « son âme », qu’il parle des abeilles ou de la présence des étoiles en journée, même si l’on ne les voit pas.

Le texte commence par situer ce fameux chemin qu’il parcourait durant son enfance, il met en parallèle l’Homme et le chemin, l’Homme et sa conscience de l’endroit où mène le chemin. Cette réflexion nous conduit directement à un enterrement où le jeu humain des vieilles rancœurs, des fausses politesses et des adultères se mêle aux sourires et aux détournements de regards. L’Église et le « petit » diacre que l’auteur a connu "enfant », en prennent pour leur grade, puis c’est au tour de la Poste et de l’école qui n’est plus celle d’Hugo ou de Lamartine, nostalgie d’un enseignement pluridisciplinaire ou l’idéologie était écartée au profit de la pensée, de la poésie.

Vient enfin le tour des idéologues capitalistes qui ont tout pollué, puis de leurs pendants écologistes d’université, qui détruisent tout et reconstruisent sur l’autel de leur « dieu Nature » pour qu’enfin la rivière soit apte à permettre la remontée des saumons. Sauf qu’il n’y a jamais eu de saumon dans cette rivière.

L’égalité n’est pas dans la nature, c’est l’équilibre qui règne, la maturité des fruits par exemple en est une belle métaphore : « Voilà probablement pourquoi notre époque qui hait l’inégalité déteste la nature : elle montre ce que l’idéologie empêche de voir. »

Onfray nous démontre qu’il peut avoir une écriture élégante tout en gardant sa plume acérée.

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