Le Très-Bas

Contribution La Griffe Midi-Pyrénées

Rubrique Hors-Normes

Recommandation de lecture:▲▲▲▲

Intérêt général de l’ouvrage:▲▲▲

Facilité de lecture:▲▲ ▲▲▲

Rapport avec le rite: ▲▲

 Autrefois on écrivait des hagiographies, mais « il n’y a pas de saints », alors Christian Bobin m’a parlé doucement de Saint François d’Assise, de ce XIIIe siècle où vivaient le marchand, le guerrier et le prêtre, et où survivait le pauvre, de ce XIIIe siècle où l’« on venait de Dieu et on y retournait ». Il m’a raconté un peu de sa vie, mais sa vie n’a pas grande importance. J’ai rencontré François en son premier prénom « Jean », dans les bras de sa mère et des femmes, vendeur d’étoffe, guerrier et prisonnier, malade, ermite. Mais ce n’est pas l’essentiel. Bobin révèle ici, avant tout, ce qui est sacré en ce monde et incite à le regarder différemment, à hauteur d’homme, car ce serait « oublier que rien ne peut être connu du Très-Haut que par le Très-Bas ». Il invite à regarder la beauté simple du monde car « ce qui importe c’est cette beauté qui vient de l’Amour, de cette attention humble aux humbles ». Ainsi, j’ai aperçu la place de l’enfant au Moyen Âge et celle qui lui est accordée au XXIe siècle, la place de cet enfant « ombre » qui est devenu enfant « roi […] dans un désert ». J’ai cô­toyé son père et sa mère, parents dans la constance de leur charge et de leur amour, que ce soit au XIIIe ou de nos jours. Quand Christian Bobin parle de Saint François, il parle de nous, de notre vie parmi les hommes, de nos devoirs en ce monde et de nos recherches. J’ai aussi croisé quelques animaux, car « Dieu qui [les] fait ne connaît pas leurs noms », des oiseaux bien sûr, un chien dès la première ligne, qui suit un enfant et un ange, et son « frère l’âne », c’est son corps qu’il appelle ainsi. Belle image symbolique. Je l’ai suivi à travers les forêts, les léproseries, la Palestine… et l’important c’est son chemin et non ses paroles car « la vérité tient sa lumière en elle-même non dans celui qui la dit ». Christian Bobin, c’est d’abord une écriture, pas un style car le stylet griffe et grave le papier alors que ses mots se posent « comme de la neige sur de la neige ». François d’Assise n’est qu’un prétexte pour écrire et parler du sacré, du Très-Bas.

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