Le serpent vert
Contribution La Griffe Hypatie
Rubrique Incontournables
Au royaume des énigmes symboliques.
Recommandation de lecture : ▲▲▲▲▲
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲
Rapport avec le rite ▲▲▲▲
Voilà un ouvrage qui peut tomber des mains avant d’y trouver… l’essentiel pour accompagner un chemin maçonnique. L’aurais-je lu s’il n’était le nom de ma loge à la GLFF ? Et pourtant il est de ces « livres-vie » qui ne peuvent être figés, ni totalement compris, tant leurs interprétations évoluent avec le temps et nos parcours. Le passé maçonnique de notre frère Goethe initié en 1780, à la R :.L :. Anna Amalia aux trois roses de Weimar, membre ensuite des illuminés de Bavière, se devine à chaque page. Il faut entrer dans son univers énigmatique en toute humilité pour accompagner dans leur quête ses vingt personnages qui explorent les chemins de la connaissance et se métamorphosent jusqu’à la transmutation finale.
On s’égare parfois mais n’était-ce pas la volonté de Goethe ? il disait que « plus une œuvre poétique était insaisissable par l’intelligence, meilleure elle était ».
Elément central du conte, le serpent vert qui se sacrifie pour établir un pont entre les deux rives du fleuve, est à l’image de notre passage initiatique : mourir pour devenir ! Spirale se déroulant vers l’infini, permanence et changement, durée et intemporalité, équilibre de la quête et de l’action de tout engagement maçonnique.
C’est en 1795 que Goethe publia « Das Märchen », rebaptisé au début du 20e siècle « Le Serpent Vert », dans la revue littéraire et philosophique Die Horen (les heures) de son ami poète Schiller. Le conte est construit sur le modèle esthétique d’un « opéra raconté » comme le soulignait son jeune contemporain Novalis. Goethe travaillait d’ailleurs sur une suite de la Flute Enchantée qui restera inachevée.
Essayez de lire l’un en écoutant l’autre !
Un bémol à cet éloge : la traduction, un peu datée, du célèbre oculiste Oswald Wirth qui ne facilite pas sa lecture mais son exégèse symbolique au début et à la fin de l’ouvrage ouvre des perspectives et explore ce que Goethe n’a pas voulu révéler. Sur les 180 pages, le conte n’en occupe qu’une cinquantaine : les essentielles.
Le Serpent Vert est une œuvre magistrale qui suggère sans jamais l’expliquer le fascinant parcours symbolique de la recherche initiatique.
« Davantage de lumière » tels furent les derniers mots de l’immense Goethe à l’heure où les ténèbres de la mort envahissaient sa vie.
Son valet de chambre se précipita pour ouvrir les rideaux !