LE VOILE D’ISIS
Contribution La Griffe Parisienne
Rubrique les incontournables
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△
Facilité de lecture ▲▲▲▲△
Rapport avec le rite ▲▲▲▲▲
Un jour ou l’autre on achète un bouquin de Pierre Hadot, l’universitaire , le prof au Collège de France, le néoplatonicien français, bref une référence. Bien sûr on a commencé par « Qu’est ce que la philosophie antique » 450 pages et puis on a acheté « Le Voile d’Isis » 510 pages avec les notes.
Un pavé ? Pas si sûr.
Si tu hésites, que risques-tu ?
Allons plus loin.
« La Nature aime à se cacher », c’est par cet aphorisme d’Héraclite que commence Pierre Hadot.
Et aussitôt nous voici au temps du Sphinx, des mythologies, des philosophes grecs. On poursuit avec Nietzsche et Heidegger sans oublier les plus classiques Spinoza, Descartes, Leibnitz, Hobbes mais aussi Virgile, Van Gogh, Léonard de Vinci, Wagner, Goethe, Schiller. Il faut se perdre pour trouver le chemin !
Nous parcourrons les secrets des Dieux, l’imagination aux longs voiles, le dévoilement des secrets de la nature, la Vérité fille du temps jusqu’au mystère de l’Etre.
« Je suis tout ce qui a été, tout ce qui est, et nul mortel n’a soulevé mon voile » Temple d’Isis à Saïs.
Je ne sais si Pierre Hadot était maçon, personne n’est parfait, mais il ouvre un champ de réflexion et de culture qui nous correspond, certainement nous perturbe. Ne cherchons nous pas l’idée sous le symbole, la vérité au delà des mots et des préjugés?
Pierre Hadot nous entraîne dans cette obsession de la connaissance, dans cette obsession des secrets du monde.
« Que cherchez vous ? »
Ses exégèses allégoriques nous révèlent des clefs d’analyse pour approfondir des pensées, des réflexions, avec la volonté d’appréhender les secrets cachés grâce à l’art, la technique, le discours, la poésie.
Comment concevoir la nature alors que nous en sommes les co-participants, voire les créateurs !! Qui donc nomme le monde ?
La Vérité : recherche inutile, simple plaisir intellectuel, chausse trappe, illusion ? Ces secrets du monde et de nous mêmes sont peut être un danger. Faut-il les ignorer, ne pas franchir la limite ?
Il nous faut pourtant aller au tréfonds de l’absurde sachant que les secrets cachent souvent des vertus occultes. Les anciens évoquaient la pudeur de la Vérité qui sort nue du fond de l’abîme de nos savoirs.
Pierre Hadot conclut son essai avec F Nietzsche:
« Aller au-delà de soi-même et toi-même. Eprouver d’une manière cosmique ».
Eh oui cet ouvrage remet les pendules à l’heure, écarte les préjugés, accueille toutes les opinions…
Est-il difficile à lire : non, la lecture en est aisée, sans vocabulaire précieux, sans jargon gréco-latin à la mode, pas d’ apocatastase, ni d’hesychasme et pas davantage de cratophanie. L’utilisation d’un dictionnaire est superfétatoire. On peut s’y plonger tranquillement ou par chapitre, dans la journée ou dans son lit avant de dormir – ce qui n’arrivera pas!
Evidemment il faut reconnaître néanmoins que la répétition de la phrase d’Héraclite en leitmotiv, chapitre après chapitre, peut lasser. Le vaste panorama que décrit Pierre Hadot tient aussi d’une véritable compilation digne du chercheur qu’il était. Aussi riche et complet qu’une thèse, on y puisera de nombreuses idées pour des travaux personnels.
L’ouvrage, un essai, nécessite une lecture attentive, ce n’est pas Agatha Christie, mais on ne se prendra pas la tête. Ne craignons pas sa compagnie, elle est plaisante et souvent inattendue. Quelques reproductions agrémentent le texte, ce n’est pas pour déplaire, bien au contraire.
C’est un livre qu’il faut oser et sûrement l’offrir aux amis, peut être même à des Frères…