Abel ou la traversée de l’Eden
Contribution La Griffe : Midi Pyrénées
Rubrique Métaphysique
Marie Balmary interroge le récit de la Genèse avec son regard de psychanalyste.
Recommandation de lecture ▲▲▲▲▲
Intérêt général ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲
Rapport avec le rite ▲▲▲
L’auteure nous invite à « ouvrir autrement » le récit mythique de la Genèse, appuyée sur sa double expérience de lecture dans la langue originelle, l’hébreu, et de psychanalyste. Elle progresse à la manière d’une enquête policière, par une exploration minutieuse, sans cesse réinterrogée : « lire, délire, relire ». Cette enquête nous conduit au plus près de la source du texte biblique, tout autant qu’au plus profond de notre être.
Je suis intéressé…
La Traversée de l’Eden emmène le lecteur dans un voyage depuis sa propre origine : d’abord création de l’Adam et d’Eve, créés par le dieu « le moins possible », création à accomplir par l’homme lui-même ; puis dé-création, par la transgression de l’interdit : manger le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal ; enfin, interrogation sur le refus de l’offrande de Caïn, alors que celle d’Abel a été agréée, cause du fratricide.
Je suis émoustillé…
Au fil de cette recherche, on apprend que le péché originel, invoqué dans notre tradition comme justification de nos souffrances, ne figure pas dans le texte de la Genèse. Au contraire, est posé le mot faute, qui désigne ce qui menace l’homme, et non ce qu’il commet.
Je suis étonné…
De même, l’interdit du fruit de la connaissance du bien et du mal est d’abord éclairé par une traduction plus fidèle – l’arbre du bien connaître et du mal connaître –, puis illustré par une allégorie : on peut entrer dans la maison de l’autre de deux façons, soit par effraction (mal connaître), soit en frappant, ce qui engage un échange : je te demande – je t’accorde l’entrée chez moi (bien connaître).
L’auteure nous propose ainsi un changement radical de perspective : « Le récit de la Genèse ne raconte pas comment l’humain est devenu mortel […]. Il expose comment l’humain peut échouer ou réussir l’épreuve ontologique qui lui permettra de dépasser le statut de créature mortelle pour accéder à la vie divine ».
L’épreuve est celle de l’élévation de l’homme à la parole, et donc à la filiation comme à la fraternité. « Par quelle autre naissance deviendrons-nous frères ? »
Je suis interloqué !
« Entre Caïn et Abel, il y a seulement la différence entre l’horizontal et le vertical. […] Entre le binaire « corps et âme » de Caïn et le ternaire « corps, âme, esprit » d’Abel ».
Je suis… méditatif…