LA CONFÉRENCE DES OISEAUX

Contribution La Griffe : Midi Pyrénées

Rubrique Métaphysique

Le voyage fou des oiseaux vers le mythique roi Simorgh.

Recommandation de lecture ▲▲▲▲

Intérêt général ▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite ▲▲▲▲

Par cette nouvelle version) illustrée et poétique du célèbre conte du poète soufi persan Farid Al-Din Attar (1142-1220), Peter Sis, écrivain et illustrateur tchèque, nous livre une métaphore du chemin initiatique.

J’y entre. Ainsi qu’Attar, je suis une huppe…

Une foule d'oiseaux, conduits par une huppe, assaillis par les doutes et la peur, traverse sept vallées – la Quête, l’Amour, la Mansuétude, le Détachement, l’Unité, l’Émerveillement, la Mort – à la recherche du roi mythique Simorgh. Au long du chemin, beaucoup renoncent, désespérés et découragés, d’autres se perdent, ou périssent.

Ayant franchi les sept vallées, trente oiseaux – si morgh en persan – atteignent, exténués, la montagne de Kaf, résidence supposée du roi. La montagne les refoule d’abord. Ont-ils été trompés par leurs propres illusions ? Mais la montagne les accueille enfin, le rideau s’ouvre, les trente oiseaux entrent : « et ils virent le roi Simorgh, et le roi Simorgh était eux ; […] le roi Simorgh est chacun d’eux… et eux tous ».

Le texte, épuré, porté par une langue poétique, se met au service des illustrations – aquarelles, encre et crayon –, créant un univers onirique, exaltation de l’œuvre originelle du poète soufi.

La première lecture de l’ouvrage est rapide, pressée par mon esprit rationnel. A la seconde, les illustrations imposent leur force et leur subtilité. La troisième devient contemplative.

Je me sens porté, emporté, par le vol des oiseaux. Traversant à leur suite les sept vallées, je suis éclairé et guidé par la sagesse de la huppe : « renoncez à vos obsessions, à votre pouvoir, à tout ce qui vous est cher », « tous ceux qui entrent ici sont liés au cou par une corde », « le feu ardent est amour et l’amour brûlant est feu ». Au fil des pages et des illustrations revient un motif, récurrent et variable : un labyrinthe, tel celui de la cathédrale de Chartres, allégorie du chemin initiatique, long chemin sinueux, inscrit dans un cercle, de la périphérie vers un centre plusieurs fois fuyant, avant de se laisser atteindre. Ses déclinaisons sont multiples, parfois archétypales, souvent tourmentées, fracturées, tordues, reflets des aléas du chemin ou des états d’âme des oiseaux, c’est-à-dire de nous-mêmes !

Comme pour les trente oiseaux en quête du roi mythique, ce roi, l’objet de notre quête, n'est autre ... que nous-mêmes.

La recherche de la vraie nature du divin s’accomplit par la révélation du divin en soi.

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