Le songe de Monomotapa.

Contribution La Griffe : Ile de France

Rubrique Métaphysique

Une réflexion profonde et personnelle sur l'amitié par l'un des grands psychanalystes et écrivains actuels.

Recommandation de lecture ▲▲▲▲▲

Intérêt général ▲▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲▲

Rapport avec le rite ▲▲▲

Jean-Baptiste est rusé, en tout cas il connaît tous les trucs d'écrivain : par exemple donner un titre énigmatique pour retenir l'attention du futur lecteur ! Il nous met ainsi d'emblée à la recherche de la signification du mot « Monomotapa ». Après quelques recherches, nous en cernons l'origine : il vient de La Fontaine, dans sa 11e fable du livre VIII, « les deux amis ». Il s'agissait d'un royaume d'Afrique Australe peuplé de Cafres. Mais, en bon psychanalyste, il fait se chevaucher le réel d'un temps historique et le problème que cela soulève inconsciemment : l'éloignement ne confère-t-il pas un aspect chimérique ou tout serait possible, comme l'amitié ce concept capital dans l'Antiquité. Et là, le psychanalyste aimerait y croire, on le sent, mais en doute en regard de sa propre expérience. L'amitié s'inscrit d'office dans la vacuité : elle naît, se tisse, se renforce, et souvent se dissout d'elle-même ou s'achève par une rupture. Cependant, rares, certaines amitiés traversent le temps, d'autres sont éphémères et pourtant intenses, souvent liées à l'adolescence. Au cours de la vie, les amitiés changent et l'oubli s'installe. L'amour est différent : on n’efface pas les figures des personnes aimées et l'amitié ne serait-elle pas la bonne distance qui sert à nous protéger des tourments de l'amour, une sorte de Jardin d'Épicure qui serait un abri qui protège, par de hauts murs, de la douleur et la tension d'aimer, une sorte de Nirvana loin des affres du désir ? L'ami n'est pas un alter ego, un autre moi-même. Je le veux autre que moi, il m'attire comme étant différent, pas trop quand même, pas trop « autre » comme peut l'être l'autre sexe. L'amitié véritable serait celle qui se disjoint de la sexualité et de troubles psychologiques : la paranoïa naît de l'incapacité de voir en l'autre un ami possible

Le besoin d'amitié est aussi indispensable que celui d'aimer ou d'être aimé : innombrables sont les hommes éperdument épris des femmes et qui entretiennent toute leur vie des liens d'amitié, mettant en valeur quelque chose de plus solide que l'amour voué à l'incertitude.

L'amitié est un ciment : La Maçonnerie en est l'illustration, loin des passions, dans la quiétude !